Thérapies

Textos, mails : nos nouveaux actes manqués
Un texto ambigu à cause d’une faute de frappe, un mail envoyé à un mauvais destinataire… En nous incitant à pianoter frénétiquement sur nos claviers, les nouvelles technologies nous poussent aux lapsus et autres actes manqués. Décryptage de nos dérapages, pas si virtuels que ça.
Après un mois de dure séparation, mon homme est enfin de retour à Paris. Je lui envoie un texto : “Je t’attends, viens vite.” Trente minutes plus tard, mon ex sonne à la porte, je m’étais trompé de numéro… », raconte Claire, 38 ans. Censées faciliter nos communications, les nouvelles technologies peuvent aussi nous trahir en nous incitant à agir dans l’instant, sans forcément prendre le temps de la réflexion ni celui de la relecture. Conséquence, nous multiplions lapsus et autres actes manqués. Mails, textos, messageries instantanées…, ce pianotage frénétique qui accompagne chaque moment de notre vie a quelque chose de pulsionnel, qui favorise la perte de contrôle, la connexion quasi directe à notre inconscient.
« Avec les relations virtuelles, c’est comme si toutes les barrières étaient abolies : celles de la distance, du corps, mais aussi nos défenses coutumières, qui tombent plus facilement, commente la psychanalyste Virginie Megglé, auteure, entre autres, de La Projection, à chacun son film (Eyrolles, 2009). Nous ne passons même plus par l’intermédiaire d’un stylo, nous nous libérons des règles de l’orthographe… L’immédiateté du contact favorise une impression de facilité et encourage à la précipitation du geste. Nous éprouvons, de manière générale, un sentiment de libération qui rappelle un peu la toute puissance infantile. » Les communications virtuelles ont ainsi un côté magique, désinhibant, comme si nous pouvions tout dire impunément. L’autre n’est pas en face de nous pour nous aider à ajuster notre discours, à le rectifier au besoin : nous nous laissons emporter par notre imagination, nos fantasmes, et dérapons plus facilement.

Des désirs cachés

À l’image de Claire, qui pense encore à son ancien petit ami, ou de cette jeune fille amoureuse qui, dans sa hâte d’accepter le rendez-vous tant espéré, écrit « à très bite » au lieu d’« à très vite », ces ratages involontaires nous mettent dans l’embarras. Contrairement aux rêves, qui restent du domaine de notre intimité, les actes manqués par écrit dévoilent, aux yeux de tous, nos désirs les plus secrets. « Ce qu’ils offrent, de manière fulgurante, c’est la nudité de la vie inconsciente, note Françoise Juranville, ex-professeure de psychanalyse et auteure des Caprices de l’inconscient (Larousse, 2009). S’ils sont redoutables et redoutés, c’est parce qu’ils sont crus, indécents. Retours du refoulé, ils manquent au devoir de réserve, exhibent ce que l’on s’échine plus ou moins à son insu à (se) cacher. »

Une vengeance inconsciente

Lapsus et actes manqués technologiques mettent aussi à jour nos pulsions agressives : lorsque nous médisons d’un ami par e-mail et le lui envoyons « par erreur », lorsque nous raccrochons mal notre téléphone et exprimons à voix haute l’énervement que nous inspire notre interlocuteur… Ils ouvrent la porte à nos vengeances inconscientes, levant une censure nécessaire à la vie sociale ou amoureuse, mais parfois trop pesante. « Une patiente avait envoyé “sans le faire exprès” un mail de reproches destiné à son mari à l’adresse professionnelle du groupe où il travaillait, faisant ainsi savoir à ses collègues tout le mal qu’elle pensait de lui », se souvient la psychanalyste Hélène Bonnaud. Ces formations de l’inconscient surgissent souvent dans des moments de trouble, lorsque nous sommes débordés par nos affects. « Plus l’enjeu est important pour le sujet, plus lapsus et actes manqués risquent de se manifester de façon inopinée, poursuit la psychanalyste. Plus nous cherchons à nous contrôler, plus l’inconscient se dévoile. » C’est pourquoi ces ratés s’invitent souvent dans les mails professionnels, polluant de façon gênante ou comique des situations où nous avons à coeur de nous montrer les plus irréprochables possible.

Un acte réussi

Comme le disait Freud, « derrière tout acte manqué, il y a un acte réussi » (InPsychopathologie de la vie quotidienne de Sigmund Freud (Payot, “Petite bibliothèque”, 2009). Ces symptômes amplifiés par les technologies modernes peuvent aussi nous aider à vivre davantage en accord avec nous-mêmes : ils révèlent malgré nous une vérité cachée. Comme ce mari infidèle qui « oublie » d’effacer les textos de sa maîtresse, comme cette jeune femme qui « avoue » à son père qu’elle en aime un autre en lui envoyant par erreur le message destiné à son nouvel amant… Ils viennent régler – de manière parfois brutale et dévastatrice – nos sentiments de culpabilité plus ou moins conscients, notre besoin d’être acceptés tels que nous sommes. « Cela fait penser à ces jeunes filles “parfaites” que leurs parents découvrent, ahuris, sur des photos de soirées alcoolisées qu’elles mettent en ligne sur Facebook, remarque Virginie Megglé. Peut-être est-ce, pour elles, une façon de sortir de cette image idéale trop lourde à porter, de dire à leurs parents qu’elles ne peuvent pas toujours être dans la perfection. » En incitant à l’exposition de soi, les réseaux sociaux multiplient les risques de dérapage, les révélations intempestives…

Des messages à soi-même

Nous nous inquiétons souvent de l’effet que nos actes manqués auront sur les autres, de l’image qu’ils donneront de nous. Or, c’est aussi à nous-mêmes qu’ils cherchent à dire quelque chose. « Moi qui fais attention à ma parole, à la façon dont j’écris, j’avais envoyé à une journaliste un mail inachevé, témoigne Virginie Megglé. On y voyait tout l’historique de ma réflexion, mes copier-coller, mes hésitations… Elle ne s’en est pas rendu compte, mais moi, sur le moment, j’ai eu honte comme une petite fille. Cela m’a renvoyée à ma vulnérabilité, à ma peur, encore aujourd’hui, de ne pas être tout à fait à la hauteur… »
La façon dont nous interprétons les lapsus de nos interlocuteurs peut aussi nous en apprendre sur nos propres projections, sur nos angoisses : « Lorsque mon patron écorche mon prénom et m’appelle “Ane” dans un mail, je le prends mal, sourit Anne, 34 ans, alors que de la part de n’importe qui d’autre, je me dis que c’est une simple erreur de frappe… » « Comme disait Lacan, la vérité se “midit”, à condition que l’on ait le désir de la déchiffrer, rappelle Hélène Bonnaud. L’inconscient n’existe qu’à partir du moment où vous voulez en savoir quelque chose, il ne parle qu’à ceux qui “le veulent bien”. » Alors que nous voudrions croire et faire croire à une réalité apparente, lapsus et actes manqués nous incitent à accepter cette autre réalité beaucoup plus invisible qui nous travaille. Et qui fait aussi notre richesse.

Que faire ensuite ?

Éviter de culpabiliser. Nos actes manqués peuvent être blessants, mais « s’excuser, c’est un peu avouer que l’on se sent pris en faute, alors qu’il n’y a peut-être aucune raison de se sentir coupable, observe la psychanalyste Virginie Megglé. Au fond, on est parfois soulagé d’être sorti du non-dit, d’avoir enfin dit la vérité ».
Laisser passer du temps. « Mieux vaut prendre le temps de considérer ce que cet acte manqué signifie avant, éventuellement, de s’en reparler plus tard, dans le calme, poursuit la psychanalyste. D’autant que cette vérité assénée à notre interlocuteur lui permet parfois d’évoluer, de se remettre en question. »
En rire. Lorsque l’on se sent gêné, ridicule, l’humour est sans doute le meilleur antidote pour prendre du recul et dédramatiser.

Pétanque : la thérapie par le cochonnet

La pétanque revient à la mode. Détente ou passion, occasion de rencontrer les autres ou sport de précision, elle est aussi un outil de connaissance de soi et même parfois une technique spirituelle. Découverte d’un jeu aux multiples facettes.

Pétanque : la thérapie par le cochonnet

Mano, la cinquantaine, secrétaire de rédaction, s’inquiète. Obligée de déménager, elle craint de s’éloigner de son club de pétanque, de perdre la bouffée d’oxygène qui la ramène à la vie après une journée stressante. Pour Bernard, agent immobilier de 58 ans, la pétanque du samedi est la récréation de la semaine, « Si je me laissais aller, je crois que je pourrais devenir accro ».
Que peut-il y avoir d’enrichissant psychologiquement à lancer des boules se demandent peut-être certains ?

Mixité et tolérance

Pour de nombreux « pétanqueurs » l’atmosphère conviviale des clubs contribue fortement à l’attrait du jeu. « C’est une discipline qui efface les différences sociales et intellectuelles, explique Mano. Les compétitions sont mixtes. Des médecins spécialistes jouent avec d’anciens truands, des avocats échangent avec des cadres commerciaux. Pour être bonne, une équipe doit former un ensemble qui fait confiance à chacun de ses membres, les valorise, leur redonne confiance en eux. ».  Un club de pétanque ressemble bien davantage à un théâtre - où le verbe est aussi essentiel que le geste - qu’à un centre équestre ou une équipe de foot. 
Comme sur une scène de spectacle, les caractères qui forment le macrocosme humain, se donnent la réplique. Il y a le râleur, le gouailleur, le séducteur, le gentil, la brute, l’effacé, le gagnant, l’éternel perdant. Les plus grands virtuoses de la pétanque sont aussi doués pour l’action oratoire que pour le pointage ou le tir considérait Yvan Audouard, conteur, écrivain, journaliste, grand amoureux de cette discipline. « Sans les mots les boules ne seraient qu’un jeu. Avec eux, elles deviennent un humanisme ».
D’ailleurs en fréquentant son club Sophie, 44 ans, rentière affirme être devenue plus tolérante : « Plutôt que de rejeter d’emblée des gens à qui, à première vue, je n’ai rien à dire, je m’efforce au contraire de comprendre en quoi ils ont une valeur. Et ce n’est pas toujours facile car ce jeu attire aussi un public de machos qui clament qu’ils ont les plus grosses boules et insultent les autres en les traitant de femmelettes. »

Les techniques du développement personnel

Cependant machos ou pas, hommes ou femmes, l’objectif des joueurs est « la gagne ». Chaque partie est un combat qui nécessite une stratégie, une tactique. Les boules sont des armes, le cochonnet, une cible, le terrain, un territoire à conquérir.
« Bien jouer, battre une équipe forte, voilà le défi » pose Clara, 32 ans, éducatrice. Le perdant paye la tournée. « Il doit être puni d’avoir perdu » explique Sophie,  définitivement choquée par cette  coutume. « J’essaye au contraire de faire passer l’idée qu’il est déjà assez puni d’avoir perdu ».
En dépit de ces reliquats d’un passé guerrier, pour gagner, les joueurs utilisent de plus en plus des outils fournis par les techniques de développement personnel : la visualisation, la méditation, le lâcher prise. Dans son blog, Sacha, « pétanqueur » désireux d'élever sa pratique au rang d’un art, invite les joueurs à cultiver leur intuition : «  C’est comme un éclair qui jaillit. On sait s’il faut tirer ou pointer, comme si les boules nous parlaient. »

Pour se vider la tête

C’est de la concentration que dépend la réussite affirment sans exception tous les joueurs. Se mobiliser vers le but à atteindre, chasser toutes les pensées parasites, prendre son temps, cesser de se demander ce que vont penser les spectateurs en cas de mauvais tir, respirer profondément et laisser le corps accomplir le geste.  « Avant, je ne me concentrais que sur mon travail, les tâches utiles, la pétanque m’aide à développer ma concentration dans la vie quotidienne » constate Sophie.
Et l’aptitude à rester concentré crée une bulle mentale qui nous protège des émotions perturbatrices : la colère, la jalousie, la peur, le sentiment d’infériorité. Tout en nous permettant d’être présent au monde extérieur et à nous même, ici et maintenant.

Cheminement spirituel

La voie du cochonnet serait donc un sentier lumineux menant à une existence plus sereine ? Selon Kaisen, moine bouddhiste zen, bouliste depuis une trentaine d’années, elle peut se révéler une base solide pour s’engager dans un cheminement spirituel. « Elle est une fabuleuse opportunité de développer des qualités d’homme exceptionnel et de permettre au pratiquant de mieux communiquer avec le monde et surtout avec lui-même » écrit-il dans L’esprit de la pétanque (Editions Accarias, L'Originel, 2009)
Pétanqueurs et moines zen sont confrontés aux mêmes exigences : attention, lucidité, présence à soi, savoir respirer, réunifier la totalité « corps-esprit-souffle ».  En respirant profondément, calmement, « nous stimulons le système neuro végétatif. Durant la phase d’expiration le corps s’ancre fermement en lui-même, les épaules se relâchent. La joie intérieure résulte d’une bonne expiration. » rappelle Kaisen. Et il est un point commun aux pratiques spirituelles, aux thérapies et à la pétanque. Elles nous rappellent que le véritable adversaire n’est pas l’autre mais toujours soi-même. Plus exactement cette part de nous qui nous pousse à ruminer nos échecs, à envier le sort de ceux que nous croyons plus favorisés et à nous mettre en colère quand nous n’obtenons pas le résultat escompté.
La vraie victoire est donc, comme dans la vie,  celle qui nous permet de triompher d’un ego trop envahissant.

Pratiquer la danse thérapie

Pas de mouvements codés, de pas imposés, de technique à maîtriser. En danse-thérapie, seules comptent l’émotion et l’expression de soi. Pour réveiller son énergie, ou sa sensualité. Entretien avec France Schott-Billmann, danse-thérapeute
Psychanalyste et professeure d’art-thérapie à l’université Paris-V, France Schott-Billmann étudie les phénomènes de transes dans les sociétés primitives. Elle est l’auteure du Besoin de danser (Odile Jacob, 2001).

Psychologies : Quelle différence y a-t-il entre la danse et la danse-thérapie

France Schott-Billmann : Au-delà du simple divertissement, la danse inaugure un nouveau rapport au corps, au plaisir, à l’autre et à soi-même. Mais là où le tango ou la salsa mettent en scène le couple de manière codée, la danse-thérapie permet de recréer cette relation, de l’habiter. En danse, le désir de maîtriser la technique prime ; en danse-thérapie, c’est l’expression de soi, l’émotion, l’intensité qui est recherchée. Il n’y a pas d’apprentissage.

Le parquet de danse peut-il remplacer le divan ?

La danse populaire représentait autrefois une forme de thérapie sociale, qui allait bien au-delà du simple défoulement. Danser permettait de ressentir son appartenance à une communauté. En forçant le trait, on peut dire que le parquet est assimilable à un divan où l’on parlerait avec son corps, et avec le groupe. Dans l’analyse, on rencontre son inconscient, dans la danse-thérapie, son « danseur », cette partie de soi qui cherche à renouer avec la joie de vivre. Le groupe est, pour celui qui danse, comme une mère qui berce son enfant : il le stimule tout en l’enveloppant, donc le rassure. Il le soutient tout en l’invitant à s’individualiser.

La danse-thérapie soigne-t-elle autant le corps que l’esprit ?

C’est une activité où corps et esprit sont inséparables. Cette technique permet d’accéder à notre mémoire corporelle et à la connaissance de soi. Dans un premier temps, on mobilise ses émotions, puis on les canalise en faisant appel à des archétypes. La danse du guerrier, par exemple, réveille l’agressivité. Réprimer cette énergie est nocif. L’exprimer dans un mouvement nous libère, physiquement et psychiquement.

A qui s’adresse la danse-thérapie ?

J’ai envie de dire : à tout le monde. Les personnes qui viennent souhaitent réveiller leur énergie, redécouvrir le plaisir de la danse, de la convivialité. Pour la plupart, le corps se transforme, devient léger, dynamique et joyeux. Chacun trouve ce qu’il lui manque : de la vitalité et de la gaieté pour certains, de la confiance en soi et de la créativité pour d’autres. Comme la danse-thérapie ne repose pas sur la performance, il n’y a pas d’échec, et tout le monde en retire des bénéfices singuliers. Elle est particulièrement indiquée chez les enfants inhibés. Son efficacité a aussi été reconnue dans les hôpitaux. Elle aide les malades à retrouver l’estime de soi.

Hommes et femmes en retirent-ils les mêmes bénéfices ?

Oui, même si les femmes s’abandonnent en général plus facilement au rythme que les hommes. Ces derniers ont davantage de difficulté à lâcher prise, sans doute par peur d’exposer leurs failles et d’y laisser une partie de leur virilité. Ceux qui n’ont pas refoulé leur féminin recherchent au contraire cet état jubilatoire que peut apporter la danse. Cette sensation de bien-être physique, d’oubli de soi et de communion peut alors s’apparenter à la jouissance…

La danse, dit-on, réveille la sensualité. Cette méthode favoriserait-elle l’épanouissement de la sexualité ?

Par la libération des tabous qu’elle développe, la danse facilite l’expression de la sensualité, gage de relations sexuelles plus épanouissantes. Danser sonne alors comme un signal pour le corps, celui de s’autoriser le plaisir, de découvrir des sensations oubliées, et de bouger son bassin…

Trois danses-thérapies au banc d’essai L’expression primitive pour extérioriser ses instincts

Le principe : dirigé par France Schott-Billmann, cet atelier opère un métissage entre danses d’origine africaine, pour le côté énergie, et danses européennes traditionnelles, pour la rythmique et la simplicité. Chacun danse, selon son ressenti, un archétype : princesse, roi, guerrier… Par exemple, la danse de la princesse permet d’extérioriser ses instincts de séductrice, en toute sécurité.
Sur le parquet : dès le départ, c’est tonique. Sur fond de percussions, nous libérons notre énergie, sans retenue. Puis, sur de la musique africaine, nous mobilisons nos émotions : avec une gestuelle simple accompagnée d’un chant, nous voici en train de danser les semailles, un deuil, la naissance d’un enfant… ou d’un amour.
Les bienfaits : on libère son énergie et sa créativité, on canalise ses pulsions, on lève des inhibitions. Physiquement, on se sent plus léger, plus tonique.
Où pratiquer : L’Atelier du geste rythmé, 17 rue Raymond-Lefèvre, 94250 Gentilly. Tous les jeudis de 20 heures à 21 h 30. Prix : 15 euros
T. : 01 43 20 01 40
http://www.gesterythme.com

La danse tantrique pour explorer son couple intérieur

Le principe : danseuse, chorégraphe et musicienne, Bhagvati Granier propose de faire l’expérience de l’énergie tantrique en dansant. L’idée est de se reconnecter à son énergie vitale, située dans le bassin,
pour partir à la rencontre de l’autre. Chacun fait l’expérience des énergies féminine et masculine, du yin et du yang. La danse est l’occasion de vérifier si nous nous laissons embarquer dans le mouvement de l’autre ou si nous imposons le nôtre.
Sur le parquet : sans préambule, nous nous déplaçons librement sur de la musique. « Bougez les épaules, dansez d’un pas vif » sont les seules consignes. Nous bondissons, seul, à deux, à trois, puis nous nous laissons choir, comme des poupées de chiffon. Pour poursuivre le lâcher-prise, nous dansons les yeux bandés, en nous laissant guider par un autre participant, sur différents rythmes.
Les bienfaits : on développe sa sensualité, on gagne en vitalité et en sensualité.
Où pratiquer : 14, rue Crespin-Dugast. 75011 Paris. Chaque samedi de 11 h 30 à 13 h 30. Prix : 21 euros
T. : 01 42 74 01 25
http://www.bhagvati-tantra.com

La danse par les contes pour renouer avec sa nature sauvage

Le principe : art-thérapeute formée à l'Institut national d’expression, de création, d’art et transformation, dédié à l’art-thérapie., Isabelle Gueudré propose d’explorer les différentes facettes de la psyché féminine grâce aux contes de la psychanalyste Clarissa Pinkola Estés, auteure de Femmes qui courent avec les loups (LGF, “Le Livre de poche”, 2007). En s’appuyant sur la symbolique, le rythme et l’expression libre, cette danse invite à une réflexion intime sur le féminin et à renouer avec notre nature sauvage. Chaque étape donne lieu à une rencontre avec l’une de nos peurs – peur de l’engagement, du ridicule, d’être différent, etc. – et nous connecte à nos ressources pour la dépasser.
Sur le parquet : assises, les yeux fermés, nous écoutons Isabelle lire La Femme squelette, un conte inuit. Nous en danserons les différentes étapes : la femme squelette flottant au fond de l’eau, la femme qui court après le pêcheur qui l’a emprisonnée dans ses filets… A la fin de la séance, nous avons en plus joué à chat perché pour retrouver notre vitalité sur des rythmes de tambours.
Les bienfaits : on développe sa combativité, on reprend confiance en soi, on retrouve son énergie.
Où pratiquer : Atelier danses et contes, salle Iris, 168, rue Saint-Maur, 75011 Paris. Un mardi par mois, de 19 h 30 à 21 h 30. Prix : 20 euros.
T. : 01 42 41 79 46
http://www.contesavivre.free.fr

4 exercices pour apprendre à relativiser

Parvenir à envisager avec calme un événement intime angoissant et éprouvant… Notre journaliste, confrontée au départ prochain de son fils unique, a tenté de relever le défi, en rencontrant quatre thérapeutes spécialisés en développement personnel. Une expérience inspirante.
Je n’ai pas eu à chercher longtemps ma problématique. S’il y a une pensée qui me prive de toute objectivité, c’est bien le départ probable de mon fils unique, l’année prochaine, pour suivre ses études à mille kilomètres de la maison. Anxiété, tristesse, bouffées d’angoisse… sont quelques-unes des émotions qui viennent parasiter mon désir, pourtant bien réel, de le voir s’épanouir et se réaliser dans sa nouvelle vie d’étudiant et d’homme. Premier défi : apaiser le maelström émotionnel que soulève cette perspective !

Avec la méthode Vittoz

Je fais le vide en moi
« La méthode Vittoz met l’accent sur la juste réceptivité et l’accueil des sensations, m’explique Martine Mingant, psychothérapeute. L’exercice proposé aide à arrêter la pensée, donc l’angoisse. Cette mise au repos de notre cerveau permet de redevenir pleinement présent à soi-même. » Pour la pratique, j’ai besoin d’un petit caillou et d’être seule, au calme. Le caillou est posé près de moi, sur mon bureau.
Première phase : debout, les bras le long du corps, je respire par le nez, relâche cou et épaules, et j’eff ectue quelques grimaces pour détendre mon visage. En pensant à ma problématique, je fais maintenant le point sur trois niveaux : corporel (c’est un fait, je me sens plus détendue), mental (je n’ai pas d’idées parasites) et émotionnel (mon anxiété est bien présente !). Je dois qualifi er d’un mot mon état global : « anxiété » fuse…
Deuxième phase : j’attrape le caillou et je me concentre sur sa couleur, sa forme, son poids, sa température… Je le fais rouler dans ma main, le redessine du bout des doigts, je constate qu’il tiédit, sa surface est lisse, douce… Au bout de plusieurs minutes, je me repose la question : quel mot qualifie mon état global ? « Vide » s’impose à moi. En eff et, tout entière dans la sensation, je me sens vide de toute émotion ou pensée.
Martine Mingant me conseille de recourir à cet exercice plusieurs fois par jour (en prenant ma douche, en épluchant un fruit…), afin de prendre l’habitude d’« être en sensation ». Je décide de garder ce caillou avec moi.

Avec la psychologie transpersonnelle

Je reviens à la réalité
« La psychologie transpersonnelle prend en compte la dimension spirituelle de l’individu, expose Bernadette Blin, psychothérapeute. En nous, l’ego et le soi se livrent bataille pour prendre le dessus. L’ego est l’idée que nous avons de nous, le soi, notre être profond qui existe au-delà de nos peurs. L’exercice que je propose, appelé le “mandala de l’être”, nous aide à nous relier au soi. »
Je découpe cinq morceaux de papier sur lesquels j’écris en lettres capitales les cinq mots suivants : « maintenant », « le futur », « le passé », « autre », « moi ». Je les pose en quadrant sur le sol. Au nord, le futur. Au sud, le passé. À l’ouest, moi. À l’est, autre. Enfin au centre, maintenant. Je formule mon désir à haute voix : « Envisager sereinement le départ de mon fils. » Puis la réalité présente : « Lorsque j’y pense, je sens le sol se dérober sous mes pieds… » J’énonce ensuite les « histoires » qui sous-tendent ma « réalité » : « Un, mon fils est trop jeune pour se couper de sa famille. Deux, il va terriblement me manquer. » Je me place au centre du mandala et respire profondément, les yeux fermés. Puis, en me déplaçant vers l’est, « autre » (mon fils, puisque ma croyance le concerne), j’exprime mes convictions à haute voix : « Il est trop jeune pour quitter la maison, il va me manquer. » Comment est-ce que je me sens ? La réponse ne tarde pas : je me sens littéralement aspirée vers le sol. Je reste dans cette sensation désagréable, pour ressentir sa négativité.
Vient ensuite la question de Bernadette Blin : « Ce postulat est-il “vraiment vrai” » ? Je réponds : « Oui et non. » La thérapeute tranche : « S’il n’est pas vrai à 100 %, alors il n’est pas vrai ! » Je réalise peut-être pour la première fois que ce que je prenais pour une vérité irréfutable n’est qu’une croyance. Retour au centre du mandala : j’accepte de lâcher celle-ci, et Bernadette Blin me demande comment je me sens sans elle. Pas de doute : tout me paraît plus simple soudain, j’ai l’impression d’être légère. Je reste dans cette sensation agréable, puis envisage ma problématique à la lumière de ce nouveau ressenti. Curieusement, il ne reste plus que les faits bruts – « Il va partir faire ses études » –, qui ne sont pas accompagnés de la vague d’anxiété et de tristesse habituelle. Malgré tout, une pensée s’immisce : « Cela ne durera pas… » Mes résistances sont là. Bien là.

Avec la programmation neurolinguistique

J’identifie mon vrai désir
« Prendre du recul, selon Alain Losier, thérapeute spécialisé en programmation neurolinguistique, c’est pouvoir observer une situation d’une façon détachée, en comprenant l’autre et en restant soi, de manière à cerner clairement son rôle, son intérêt et son objectif. Cet exercice pose la question essentielle : “Qu’est-ce que je désire vraiment ?” » La question m’arrache un sourire un peu forcé. Évidemment, en tant que mère, je veux le meilleur pour mon fils. Mais, bien décidée à jouer le jeu, je suis les instructions, comme un bon petit soldat.
Dans mon salon, j’installe trois chaises : une pour la mère, une pour le fils et une pour l’observateur ami. Je m’assieds sur la chaise de la mère, la mienne donc, et j’exprime à haute voix mon ressenti : « Je suis angoissée et triste à l’idée de la séparation qui s’annonce. J’ai peur que mon fils ne soit pas assez mature, qu’il lui manque le soutien de sa famille. Puis, égoïstement, j’aimerais profiter encore de sa présence dans la maison… Mille kilomètres, c’est si loin… Mais, en même temps, je veux qu’il se réalise et s’épanouisse… » Je m’assieds sur la chaise du fils, et j’exprime ce que je pense être son ressenti : « Bien sûr, ma famille, la maison vont me manquer, mais j’ai envie de découvrir des choses, de vivre différemment. Je me sens tout à fait capable de vivre de manière autonome. D’ailleurs, je ne serai pas seul, j’aurai mon meilleur ami comme colocataire… Et puis, en cas de problème, une heure et demie d’avion, ce n’est rien ! » Je m’assieds sur la chaise de l’observateur : « Je vois un jeune homme attaché à sa famille, mais qui a besoin de commencer à s’en détacher pour faire ses propres expériences. Sa mère reconnaît le bien-fondé de son désir, et sait que ce cheminement est nécessaire. D’ailleurs, le laisserait-elle partir si elle ne le pensait pas capable de vivre cette expérience ? Au fond, elle est surtout triste à l’idée d’être séparée de son fils. » Je reviens à présent sur la chaise de la mère, et je reçois et reformule le conseil de l’ami observateur : « L’épanouissement personnel et l’avenir de ton fi ls passent par cette expérience. Ton désir le plus cher n’est-il pas de l’aider à se réaliser ? Alors, aie confi ance, en lui, mais aussi en toi. Tu ne cesseras pas d’être mère à mille kilomètres. » Cette phrase paraît si profondément vraie, et en même temps si douloureuse, que ma voix se fêle lorsque je la prononce.
Après l’exercice, je me sens à la fois lasse et soulagée : j’ai pu mettre en mots la confiance que j’ai dans les ressources personnelles de mon fils. Troublée aussi de réaliser que je redoute d’être privée de maternité…

Avec la visualisation

Je projette la situation en positif
« En faisant exister une réalité positive dans notre tête et dans notre coeur, nous lui donnons une existence dans notre vie, m’assure Lise Bartoli, psychologue. Dans cet exercice de visualisation, à faire plusieurs fois par jour, il s’agit de mettre en scène de manière réaliste la version la plus positive de l’événement qui nous perturbe ou nous effraie. » Elle me précise que plus mon énergie psychique sera légère et positive, mieux mon fils vivra son départ et sa nouvelle vie. Inutile de préciser que l’argument fait mouche !
Détendue, assise ou allongée, les yeux fermés, je respire profondément par le nez. J’imagine ensuite mon fils dans sa nouvelle vie, souriant, heureux, épanoui, au milieu de ses amis, jouant de la musique (sa passion). Je le vois marcher dans la rue, étudier, toujours souriant, respirant le bien-être… Je me sens sourire, tant cette vision est réjouissante. Je dois visualiser à présent un rayon de lumière qui part de mon coeur pour rejoindre le sien. Je le vois comme un large ruban doré. Je prononce ensuite cette phrase : « Nous sommes reliés, peu importe où nous nous trouvons. » Je touche là le coeur de ma peur et de ma tristesse. Les larmes me piquent les yeux. Je « crée » maintenant une bulle de lumière qui entoure mon fils, une immense bulle de savon, légère et brillante. Au centre, il sourit, heureux. Je prononce alors cette phrase : « Cette lumière qui enveloppe mon enfant le protégera partout et tout le temps. »
Je la répète plusieurs fois comme un mantra dont je sais qu’il n’a pas fini de me servir…

Le corps aussi se souvient

Notre corps ne ment pas. Il dit nos troubles, nos conflits, nos souffrances. Mais celles-ci sont-elles à l’origine de la maladie ? Jusqu’où notre passé peut-il influencer notre santé ? Le point sur les liens complexes entre la mémoire du corps et celle de l’esprit.


Tombée gravement malade il y a trente ans, Myriam Brousse a développé, pour se soigner, une méthode qu’elle a appelée « mémoire cellulaire » : le patient raconte son histoire au thérapeute, qui y repère les expériences douloureuses et les note. En relaxation guidée, il revient ensuite sur ces épisodes, prend conscience des effets physiques de leur évocation et les revit émotionnellement. Délivré de leur forte charge émotionnelle, il peut ensuite remonter jusqu’à l’événement originel, celui qui a fait, selon Myriam Brousse, un « faux pli » dans son corps. Ainsi, l’une de ses patientes qui souffrait d’emphysème, au point que les médecins ne voyaient plus d’autre solution qu’une opération des poumons, a-t-elle découvert, en travaillant avec la thérapeute, que ses crises d’étouffement étaient dues au corset que sa mère portait au cinquième mois de grossesse pour la dissimuler. « Revivant la mémoire foetale au cinquième mois, elle a pu se libérer grâce aux larmes provoquées par ce ressenti physique », expose Myriam Brousse, qui conclut : « C’est ainsi que s’opère le processus de guérison dans la mémoire du corps. » Reconnue par beaucoup, discutable selon certains, cette méthode est dans tous les cas née d’un principe admis par tous : le corps est le lieu où se raconte notre histoire la plus intime. Et notre santé, physique et psychique, est toujours en lien avec elle.

“C'est psychosomatique”

Une réalité que nous résumons par l’expression « c’est psychosomatique » pour désigner aussi bien un eczéma qu’un cancer. Mais qui sait ce que cela signifie réellement ? S’agit-il de la transformation d’un conflit psychique en symptôme physique ou bien d’une maladie dont les causes seraient multiples mais dans laquelle les facteurs émotionnels joueraient un rôle important ? La médecine penche aujourd’hui majoritairement pour la seconde hypothèse. « L’humain est un système fait de différents sous-systèmes, affirme Jean- Benjamin Stora, psychanalyste et psychosomaticien. Il n’existe ni “tout psychique” ni “tout physique”. Ce que l’on sait, c’est qu’un appareil psychique bien structuré est l’équivalent d’un système immunitaire costaud : il sait bien gérer ses défenses. »

Notre esprit influence notre santé

Pour Pierre Marty, l’un des pionniers de la psychosomatique en France, moins nous sommes dans la conscience d’un événement douloureux ou stressant (ce qui permet d’évacuer sa forte charge émotionnelle), plus son impact dans le corps sera fort. C’est ce que l’on appelle une somatisation. « Cela signifie que le souvenir de l’événement reste dans le corps et se manifeste par des symptômes physiques », détaille Sylvie Cady. Pour la psychanalyste et psychosomaticienne, toute épreuve « perturbe notre rythme corporel, basé sur le duo “tension-dépression”. Si elle se transforme en conflit ou en impasse pour le sujet, elle peut se traduire par une pathologie psychosomatique ». De la plus bénigne à la plus grave. Ce qui est certain, c’est que plus nous restons coincés psychiquement dans un épisode difficile (divorce, deuil, licenciement…) plus notre mal-être s’exprime par des symptômes physiques. Dans ce cas, pour la psychanalyse comme pour les neurosciences, l’explication est à rechercher dans notre passé. « Nous connaissons aujourd’hui l’importance de la biologie de l’attachement, souligne Roland Jouvent, professeur de psychiatrie à l’université Paris-VI. Nous savons que la qualité de nos relations d’adulte dépend de la qualité de nos premiers liens affectifs et corporels, qui ont influencé notre physiologie et notre biologie. Raison pour laquelle nous pouvons dire que nos premières expériences déterminent notre patrimoine émotionnel. Ainsi, un grand choc affectif pas ou mal assimilé dans la petite enfance peut modifier notre chimie vers une tendance à l’anxiété et à la dépression, lesquelles favorisent les maladies cardio-vasculaires. » Mais, précise Roland Jouvent, « il ne s’agit pas de déterminisme pour autant, de nombreux autres facteurs interviennent, comme la gestion actuelle des émotions, la qualité de l’environnement, le patrimoine génétique, etc. ». Cela explique pourquoi, d’un individu à l’autre, face à un même événement traumatique, la réponse sera forcément singulière. « Sur deux femmes porteuses du gène du cancer du sein, l’une développera la maladie et l’autre pas, ajoute Jean-Benjamin Stora. Nous avons décodé le génome, mais pas les interrelations entre les gènes. » Preuve, selon lui, que « la mémoire du corps, multiple et complexe, échappe à toute grille de lecture univoque ».

Retrouver sa libido avec la sexothérapie

Gérante d’un magasin, Fanny, 52 ans, est heureuse avec Didier, 55 ans, avec qui elle est mariée depuis trois ans. Leur relation, qui a commencé de façon très sensuelle, est harmonieuse. Pourtant, Fanny n’a jamais connu d’orgasme avec son mari.

La pratique

« Pour moi, les problèmes relatifs à la sexualité sont pour une moitié des problèmes physiologiques, qui relèvent donc de l’état de santé, et pour l’autre moitié des problèmes psychologiques. Aussi, avant notre premier entretien, j’ai demandé à Fanny de faire un bilan médical, notamment hormonal », explique Charles Gellman. Neuropsychiatre, sexologue, membre fondateur de la Société française de sexologie clinique, il est aussi le fondateur et directeur pédagogique de l’organisme de formation Prepapsy. « Dans bien des cas, comme dans celui de Fanny, les femmes ménopausées qui souffrent d’une perte de libido et d’anorgasmie – absence d’orgasme – peuvent bénéficier d’un traitement hormonal susceptible de régler une partie de leurs problèmes. »
Bien sûr, ce n’est pas tout, il y a la part psychologique. Au cours de sa première séance, Fanny raconte qu’elle a vécu dix ans avec un homme violent et a rompu avec lui le jour où il a essayé de l’étrangler… C’est bien plus tard, après avoir été suivie en thérapie, qu’elle a rencontré Didier. Sa gentillesse, sa tendresse et leurs caresses l’ont reconnectée à l’idée d’une vie de couple harmonieuse, fondée sur l’amour.

« Nous avons alors commencé le travail thérapeutique, poursuit Charles Gellman. J’ai décidé de voir ce qui se passait chez elle au niveau sensoriel et énergétique en intégrant un massage dans la séance. J’ai remarqué qu’elle se sentait en confiance, mais que son corps réagissait peu, et que l’énergie circulait, mais restait comme “enfouie”. Je l’ai ensuite fait travailler sur les cinq sens en lui demandant de répondre à des questions précises sur son ressenti : “Qu’est-ce que la vue de Didier produit sur moi ? Qu’est-ce que son odeur me fait ? Qu’est-ce que je ressens quand je lui prends les mains ?” Il faut parfois réapprendre à regarder, à entendre, à sentir, à éprouver… Selon les réponses, je propose des exercices pratiques adaptés à chaque situation. »

Voilà la grande différence entre la sexologie – réservée aux médecins et fondée sur un échange verbal – et la sexothérapie : les psychothérapeutes ont une approche beaucoup plus concrète, car ils uti lisent différents outils au cours des séances, en fonction de la problématique de leur patient. « Cela va des exercices de gestalt-thérapie à l’analyse des rêves, en passant par le massage, ou même des techniques spécifiques comme l’EMDR. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait avec Fanny pour résoudre les épisodes traumatiques de la relation violente. Après une dizaine de séances, massages, exercices et prises de conscience, elle a pu retrouver du plaisir. »
Cependant, même si Fanny a eu besoin d’un retour ponctuel sur son passé, l’école de sexothérapie de Charles Gellman n’est pas une thérapie analytique. Sa « sexologie humaniste » est plus proche des thérapies comportementales et cognitives. « Dans certains cas, comme nous donnons beaucoup de conseils pratiques, il s’agit même d’un véritable sex coaching. Figurez-vous que la moitié des couples que je rencontre ont tout simplement des problèmes de… maladresse sexuelle ! Ils ne savent pas comment faire, ou même n’ont pas conscience que les hommes et les femmes sont deux espèces animales di! érentes ! La sexualité, c’est une véritable éducation, et une partie des problèmes que vous pouvez rencontrer peut être résolue par une meilleure connaissance. Un simple séminaire de formation, comme ceux que nous organisons, peut parfois suffire pour remettre un couple en route… »

L'historique

En 1947, l’entomologiste américain Alfred Kinsey pose les bases d’une étude des comportements sexuels en fondant l’Institut pour la recherche en sexualité, à l’université de l’Indiana. Mais c’est dix ans plus tard que le gynécologue William Masters et la psychologue Virginia Johnson créent la sexothérapie après avoir étudié en laboratoire des centaines de couples. Le 1er Congrès mondial de sexologie n’aura pourtant lieu qu’en 1974… En France, le diplôme de sexologue, réservé aux médecins, est reconnu par l’ordre des médecins en 1999. La sexothérapie pratiquée par les psychothérapeutes n’est pas réglementée et s’est développée en différents courants : analytique, systémique, existentiel, humaniste, cognitivo-comportementaliste…

Les praticiens

Prepapsy 
Fondé par le docteur Charles Gellman, cet organisme propose une formation de sexothérapeute certifié en deux ans. Ce cursus peut être personnel ou professionnel en sexothérapie humaniste et sex coaching. 
Rens. : 01 49 53 05 88 et www.sexoformation.fr.
Cabinet Agboton Saint-Aimé (CFS2A) 
Outre des consultations en psychothérapie, hypnose, thérapie de couple et sexothérapie, ce cabinet propose, à Toulouse, une formation de sexothérapeute en deux ans, plus six mois de supervision. 
Rens. : 05 34 55 95 37 et cfs2a.fr.
Psynapse 
Implantée à Bordeaux, Lyon, Lille, Marseille, Montpellier, Paris, Rennes et Strasbourg, cette société o! re de nombreuses formations en thérapies brèves (PNL, hypnose, sophrologie…), dont un cursus de praticien en sexothérapie en douze jours, prodigué par Alain Héril. 
Rens. : 09 72 26 91 25 et psynapse.fr.

La PNL contre l'hypocondrie

La Programmation Neuro-Linguistique a pour objectif de déprogrammer notre logiciel intérieur pour lieux le reconfigurer. 

Le principe

Décoder votre « logiciel » intérieur et le reprogrammer de façon positive afin de vous délivrer de la hantise de la maladie. Car la programmation neuro- linguistique (PNL) postule que nous nous « programmons » consciemment et inconsciemment pour penser, ressentir et agir au quotidien, à partir des apprentissages et des automatismes que nous assimilons durant notre vie. Ces programmes, inscrits dans nos circuits neuronaux, s’expriment à travers le langage verbal et non verbal – gestes, regards, postures... Pour remonter à l’origine du problème, la PNL s’appuie donc sur notre manière de communiquer. Mise au point en 1973 par les Américains John Grinder, linguiste, et Richard Bandler, mathématicien et psychothérapeute, c’est une méthode qui explore le « comment » plus que le « pourquoi ». 

La séance

Elle repose sur un entretien qui progresse en suivant votre langage. Le thérapeute vous demande : « Si vous n’aviez pas peur d’avoir un cancer, comment vous sentiriez-vous ? » Votre réponse (« Je me sentirais rassuré » ou « en forme ») oriente la question suivante (« Que ressentiriez-vous si vous étiez rassuré ? »). Au fil des réponses, le praticien vous amène sur le terrain émotionnel et physique. Il vous encourage à formuler vos pensées et vos émotions de façon positive. À terme, plutôt que de chercher une sécurité intérieure en achetant des tonnes de médicaments, vous pourrez trouver d’autres moyens de lutter contre votre phobie de la maladie : faire du yoga, écouter de la musique ou décider d’engager une discussion avec votre mère... 

La durée : Une dizaine de séances d’une heure (environ 80 euros la séance).
Autres indications : Difficultés à gérer ses émotions et ses relations, somatisations ou blocages relatifs à des objectifs à atteindre ou à des épreuves de vie à traverser.
Incompatibilités : Ceux qui préfèrent s’en remettre passivement au thérapeute peuvent être déçus. Ceux qui n’aiment pas décortiquer leurs problèmes ou qui, trop dans le mental, peinent à se connecter avec leurs émotions auront également plus de freins.
Contacts : Sur le site de la Fédération NLPNL, des associations certifiées en programmation neurolinguistique (nlpnl.eu).

Les thérapies, ça marche !

86 % des Français qui ont consulté un psy au sens large considèrent que cette démarche les a aidés. Et ils sont 28 % à en avoir rencontré un psychiatre, psychothérapeute, psychanalyste, spécialiste du développement personnel ou coach. Notre sondage exclusif le montre : le monde des thérapies ne fait plus figure d’univers obscur et inquiétant. En dédramatisant la démarche, Psychologies magazine n’est sans doute pas pour rien dans cette banalisation. Mais les psys eux-mêmes ont fortement contribué à briser la vieille image du médecin des fous, en apparaissant régulièrement dans les médias. Tout est fait pour nous inciter à consulter, à réaliser qu’une meilleure connaissance de soi rend plus heureux. Sauf à vivre aux confins du désert de Gobi, nul ne peut ignorer aujourd’hui que bien des problèmes peuvent être résolus en allant en parler. 

Nous n'avons plus peur

  28 % des Français fréquentent ou ont fréquenté le cabinet d’un psy. Autrement dit, plus d’une personne sur quatre. Le chiffre est impressionnant. Il indique que, dans chaque famille, au moins une personne en a vu un. Et qu’en sautant dans nos transports en commun quotidiens pour aller au bureau, nous avons un pourcentage de chances non négligeable de croiser des voyageurs qui, eux, se rendent à leur séance. Après cette « dédiabolisation », il est temps également de jeter aux oubliettes le cliché selon lequel la psy serait réservée aux intellectuels du Ve arrondissement de Paris. Les cabinets des psys sont fréquentés de manière à peu près égale par les Parisiens et les provinciaux, les urbains et les ruraux, les personnes aisées et celles qui le sont beaucoup moins.
Grâce à nos deux précédents sondages en 2001 et 2006, nous savions déjà que près des deux tiers des patients sont des patientes. Rappelons qu’en déduire que les femmes vont plus mal que les hommes serait une erreur. Le cabinet du psy est un espace de libre parole, où les peurs, les sentiments s’expriment sans censure ni jugement. Or, dans notre civilisation, les femmes sont généralement plus à l’écoute de leurs émotions. Elles acceptent plus facilement de demander de l’aide, de mettre des mots sur leur douleur, là où les hommes pensent s’en sortir par la voie de l’action ou ont encore honte d’avouer leurs ressentis.

  Pourquoi nous consultons

Anxiété, stress, deuil, ennuis familiaux... Les principaux motifs de consultation prouvent que la psy n’est pas un hobby pour oisifs narcissiques et complaisants envers eux-mêmes. C’est en premier lieu la dépression (32 %) qui incite à sonner chez le psy. S’adresser au thérapeute plutôt qu’au généraliste, qui ne fera guère plus que délivrer une ordonnance, n’est pas anodin. Ce choix semble indiquer qu’il est acquis que la dépression n’est pas la grippe, et que pour en sortir, les médicaments ne suffisent pas. Un « sentiment de mal-être » difus est susceptible de faire office de déclencheur (31 % des citations). Le psy fait désormais suffisamment partie du paysage pour que nous osions frapper à sa porte avant d’être au fond du gouffre ou en pleine crise de panique. Les ennuis de santé, dans une moindre mesure, ont aussi cette fonction de déclic. Serions-nous donc de plus en plus nombreux à considérer que corps et psychisme ont partie liée et que nos émotions exercent une action sur nos défenses immunitaires ? Tout dépend de notre lieu de résidence. Les problèmes de santé ne jouent pratiquement aucun rôle dans la décision des Parisiens (3 %) de consulter. Tandis qu’en province, ils constituent une raison majeure : 20 % de citations dans l’Ouest, 15%dans le Nord et l’Est, et 12% dans le Sud- Est. Comme s’il fallait un mobile palpable, visible, pour s’autoriser à passer la porte du cabinet. 6 % seulement affirment avoir entrepris cette démarche pour « mieux [se] connaître »... C’est peu. La psy ne serait donc plus perçue comme un instrument de connaissance de soi ? L’afaire est plus complexe. Les patients savent que l’offre de la psy est : « Pour aller mieux, connais-toi. » Mais le jour où ils sonnent chez le thérapeute pour la première fois, leur priorité est d’éliminer un symptôme gênant, pas de mieux se connaître.

   Pourquoi nous hésitons

61 % des sondés déclarent « ne pas en avoir besoin ». La meilleure raison du monde ! Nous ne pouvons que nous réjouir de la belle santé psychique de nos compatriotes. Seraient-ils aussi nombreux à camper sur cette position s’ils savaient que rien n’empêche de consulter juste pour régler un problème ponctuel, prendre une décision délicate ou alléger son existence dans une période difficile ? Mais ne pas consulter n’est pas forcément le fruit d’une décision. Au contraire : 14 % de ceux qui n’ont jamais consulté sont tentés. Qu’est-ce qui les empêche de passer à l’acte ? Pour 23 %, la psy est trop chère, surtout pour les 25-34 ans, la tranche d’âge qui en a le plus besoin. S’il est vrai qu’une psychanalyse au long cours chez une star du divan est coûteuse, de nombreux lieux de soins, des dispensaires permettent d’entreprendre des traitements peu onéreux. De plus, si le psychanalyste ou le psychothérapeute est également psychiatre – donc médecin –, la consultation est remboursée. Encore faut-il être informé. La croyance qu’un ami remplace avantageusement un psy n’a pas disparu. Mais si les réticences traditionnelles – « Je ne sais pas à qui faire confiance » (11 %), « Je n’ose pas » (8 %) – demeurent, les résistances à consulter parce que « c’est mal vu dans l’entourage » ont largement fondu : 1 % seulement des citations

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La psy nous aide à vivre

« Je ne crois pas que la psy soit efficace » figure parmi les trois raisons principales de ne pas s’en remettre à elle (17 %). Or, la plupart des personnes interrogées confient que cela les a réellement aidées (30 % « beaucoup », 31 % « assez » et 25 % « un peu »). Parmi les bénéfices, elles estiment aller mieux (38 %), avoir acquis un regard diférent sur leur vie (33 %), avoir davantage confiance en elles (16 %), moins d’angoisses (16 %). Une amélioration de l’existence de nature à faire rêver les 25% que la psy a juste un peu aidées et les 13 % qu’elle n’a pas du tout aidées.
Comment expliquer les ratés ? Avant de consulter, il est important d’avoir conscience que ce n’est pas un médicament : la durée, la fréquence des séances sont des facteurs importants et les résultats ne sont ni immédiats ni garantis. Ce n’est pas une science exacte, l’affectivité y joue un rôle capital. Il convient de trouver « son » thérapeute. Une mauvaise relation ou un lien trop passionnel empêcheront tout progrès. Et il faut oser le quitter quand la thérapie s’éternise. Ensuite, le meilleur ne peut que nous aider à devenir nous-mêmes. À trop espérer, nous courons au-devant des désillusions. Et toutes les techniques thérapeutiques ne se valent pas, certaines nous « parlent », d’autres non. Peut-être y aurait-il moins de déçus si nous rejetions définitivement la vieille image du psy maître redoutable, détenteur d’un savoir sacré, pour devenir des « usagers » de la psy, conscients de ce qu’ils attendent de leur thérapie (un mieux-être, la résolution d’une difficulté, moins d’angoisse, etc.) ? C’est-à-dire des individus responsables qui, bien qu’ils demandent de l’aide, n’oublient pas de prendre leur vie en main.

L'avis du psy

Bernard-Élie Torgemen, psychanalyste : La crise change la donne
 « Aujourd’hui, beaucoup de gens craquent pour des raisons de maltraitance au travail ou de licenciement. La crise change clairement la donne. La solitude explose à tout âge, occasionnant des pathologies telles que l’alcoolisme et la dépendance aux écrans. Et si les demandes de consultation augmentent, nous sommes de plus en plus sollicités pour des accompagnements ponctuels. J’estime à un tiers le nombre de mes patients complètement guéris ; les autres sont soulagés, ont un autre regard sur leur vie – la guérison en psy se définissant comme faire reculer son histoire jusqu’à la préhistoire : c’est du passé, ça ne reviendra plus. Mais la psy ne convient vraiment qu’à ceux qui aiment parler, intellectualiser. C’est vrai, cela reste cher. Les psychologues se battent depuis longtemps – en vain – pour le remboursement des thérapies. Mais il faut savoir qu’en cas de traumatisme grave – accident, agression, etc. – de nombreuses mutuelles vont prendre en charge six à douze séances. Et n’oublions pas que la thérapie est un service, pas du copinage : l’argent opère cette distanciation nécessaire entre psy et patient. »

Les psychonautes et les thérapies

45 % des psychonautes en thérapie
« Avez-vous déjà consulté un psy ? » « Oui », répondent 45 % des lecteurs internautes sur Psychologies.com – contre 28 % en moyenne nationale. 13 % sont tentés par la démarche.
Ces chiffres signifient-ils que nos psychonautes sont de grands névrosés ? Pas du tout, ils indiquent uniquement que pour eux, sonner chez un thérapeute est une démarche relativement simple et que l’image de la psy a définitivement perdu sa coloration inquiétante. De plus, consulter un psy ou être tenté par la démarche est plutôt un signe de lucidité : « J’ai des problèmes mais je sais que des solutions existent. » Les malades ont rarement conscience de leurs comportements pathologiques et estiment que ce sont les autres qui ne vont pas bien ! Nos lecteurs internautes ont aussi davantage conscience que la psy ne sert pas seulement à soigner, qu’elle est un outil de connaissance personnelle, qu’elle permet de reprendre confiance en soi puisqu’ils ne sont que 5 % à estimer n’avoir nul besoin de voir un psy.
Ces résultats n’ont pas de caractère scientifique, mais mettent en évidence que les trois principales raisons de consulter – la dépression, un sentiment de malaise, le stress – sont les mêmes pour les psychonautes et les patients français, quoique dans un ordre différent. Pour 20 % des habitués de notre site, la perception d’un malaise diffus a suffi pour que soit prise la décision de consulter. Une décision qui aura sûrement évité que leur état s’aggrave.
Un point noir vient ternir l’image de la psy : son coût. 13 % des psychonautes qui ont interrompu leur thérapie ont pris cette décision parce qu’ils ne pouvaient plus payer leur psy. Et 21 % de ceux qui n’ont jamais consulté trouvent cette démarche trop onéreuse. En revanche, ceux qui ont pu la mener à son terme sont 69 % à la considérer comme une réussite : 51 % estiment qu’elle les a beaucoup aidés, 18 % assez aidés. Est-ce si étonnant ? Plus informés, ils sont davantage en mesure d’opter pour la technique qui leur conviendra. Pour les uns et les autres, les bénéfices thérapeutiques ont été un nouveau regard sur leur existence et bien sûr un mieux-être.

Méthode : Les thérapies psychocorporelles

Sonia, 50 ans, vit seule et traverse une période délicate. Suite à un arrêt de travail prolongé, elle décide d’expérimenter l’approche psychocorporelle afin de régler ses problèmes.

La méthode

« Beaucoup de personnes confondent thérapies “corporelles” et “psychocorporelles”, fait remarquer Claude Vaux, cofondateur et codirecteur de l’Institut de formation en thérapie psychocorporelle. On retrouve ainsi souvent des approches purement corporelles, comme le shiatsu, le yoga, la méthode Alexander ou certains massages, au même niveau que la psychologie biodynamique ou la bioénergie, qui sont, elles, de véritables psychothérapies. » Ces méthodes sont fondées sur un postulat : l’interaction entre le corps et l’esprit. Elles sont regroupées dans le courant du bodymind, appelé parfois « corps-conscience », qui considère que notre corps conserve la mémoire des traumatismes psychiques.
« Sonia ne connaissait pas le fondement de notre approche, confie le spécialiste. Lorsque je l’ai rencontrée, elle était en invalidité, vivait seule, avait des relations peu suivies et se méfiait de tout le monde, avec une sérieuse tendance paranoïaque… Notre premier entretien n’a pas été facile, car elle ne voulait pas parler d’elle. Lorsque je lui ai expliqué que notre technique de massage utilise le toucher comme véritable “écoute”, et qu’elle n’aurait pas besoin de parler dans un premier temps, mais de “ressentir”, elle a alors accepté de tenter l’expérience. »

Chaque méthode psychocorporelle a sa propre technique. « C’est ce que j’appelle le “toucher présence”, poursuit Claude Vaux. Notre approche est l’intégration posturale psychothérapeutique, que j’ai mise au point à partir de la méthode de Jack Painter. » Ce professeur de philosophie américain avait travaillé, au cours des années 1960, avec Ida Rolf, professeure américaine à l’origine d’un massage dynamique et en profondeur, le Rolfing, dont la visée est de remodeler le corps en le replaçant sur son axe central. Jack Painter s’est ensuite inspiré d’autres méthodes – gestalt, yoga, acupuncture – ainsi que des théories de Wilhelm Reich sur l’énergie psychique pour mettre au point l’intégration posturale. « La base est un massage ferme que nous effectuons avec les doigts, les paumes, les coudes, parfois notre propre poids, pour déplacer les différentes zones musculaires et les fascias, ces membranes qui enveloppent les muscles et les organes, détaille Claude Vaux. L’objectif : dénouer les tensions physiques et les blocages émotionnels qui leur sont reliés, selon un protocole précis. Nous avons modifié le cadre thérapeutique de Jack Painter pour effectuer un accompagnement qui respecte mieux le rythme de la personne, et avons intégré d’autres techniques, comme l’haptonomie. C’est à la méthode de s’adapter à la personne, et non l’inverse. »

La relation de confiance est indispensable, la personne et le thérapeute ont en effet le même objectif et doivent s’engager tous les deux dans le même processus. « Au fil des séances, reprend le psychothérapeute, Sonia a commencé à se détendre, à parler de son ressenti, puis de sa vie, de son enfance, de ses parents… Et à avoir des manifestations émotionnelles de plus en plus fortes. Il arrive parfois que les manipulations soient douloureuses, car les émotions bloquées dans le corps rendent certaines zones particulièrement sensibles. Même si cela a été difficile pour elle, nous avons pu continuer ce travail grâce à notre approche jungienne, qui l’a beaucoup intéressée, surtout lorsque nous avons abordé le symbolisme et les archétypes. » Selon Jung, ce sont à la fois des représentations universelles, exprimant entre autres les modèles élémentaires du comportement humain, et des « noeuds énergétiques » de la psyché. Ainsi, la Grande Mère, représentation symbolique de tous les états et âges de la femme, offre-t-elle une possibilité de ressourcement énergétique pendant les périodes de souffrance. « Le chemin d’individuation décrit par Jung est en complète adéquation avec les thérapies psychocorporelles, ajoute Claude Vaux. Il décrit un processus qui part autant du développement de la personnalité individuelle que d’un élargissement de la sphère du conscient vers la réalisation de la totalité de soi, comme pour Sonia. Même si le travail a été long, il lui a permis de se trouver elle-même, de retrouver du travail. Et de se lier d’amitié avec ses voisins. »

L'historique

Dans les années 1930, Wilhelm Reich est le premier à introduire la notion d’« inconscient corporel » et tente de relier les douleurs physiques aux douleurs psychiques. Mais il faudra attendre le début des années 1960 pour que des groupes de psychologues décident de se démarquer de la psychanalyse freudienne et de la psychologie comportementale pour donner une place plus importante au corps. En plein essor des nouvelles thérapies unifiant le corps et l’esprit, telles la bioénergie d’Alexander Lowen ou la gestalt de Fritz Perls, le massage a commencé à être intégré chez les psys américains comme technique de libération des blocages physiques et psychiques. Peu à peu se sont dégagées des tendances différentes dans les approches, centrées davantage sur le corps ou davantage sur l’esprit. La fusion corps-esprit (bodymind) est, elle, une vision plus globale de l’être, intégrant parfois la dimension spirituelle.

Les praticiens

Institut de formation en thérapie psychocorporelle (IFCC)
Fondée en 1996 par Claude Vaux et Éliane Jung-Fliegans, cette école assure une formation en intégration posturale thérapeutique ainsi qu’en psychopathologie. Elle propose aussi des séminaires à thème et des formations de formateurs. Depuis 2007, l’IFCC est accrédité pour préparer ses étudiants au certificat européen de psychothérapie. L’institut a récemment inauguré le Centre européen de thérapie psychocorporelle à Strasbourg. Ouvert à tous, il propose des ateliers de développement personnel, des séminaires, des séances individuelles… 
Rens. : 03 88 60 44 84 
École biodynamique
Créée par Christiane et François Lewin en 1987, cette école assure une formation complète de psychologie biodynamique en trois cycles (environ cinq années), à Montpellier, Paris et Lyon, des stages indépendants de la formation ouverts à tous et des conférences dans toute la France.
Rens. : 04 67 22 40 50
Institut français de formation psychocorporelle (IFFP)
Cet institut fondé par Ulla Bandelow en 2001 propose une formation de praticien en Sensitive Gestalt Massage, la méthode qu’elle a créée avec Raoul Bécart, mais aussi des formations en Sit-up Massage, en accompagnement prénatal et en soins palliatifs. 
Rens. : 01 39 70 60 39

Reprendre des forces avec la psychosomatothérapie

Célibataire, Béatrice est infirmière. À 32 ans, malgré une vie sociale plutôt équilibrée, elle se sent dans un état de mal-être diffus et persistant. Elle décide d’entreprendre une thérapie avec un spécialiste de la somatoanalyse, l’intégration du corporel à la psychanalyse.

La méthode

« Dès le début de notre première séance, Béatrice m’a dit qu’elle vivait avec un ami, mais n’éprouvait pas d’amour pour lui et n’avait aucune envie de fonder un véritable couple, raconte le psychiatre et psychanalyste Richard Meyer. Puis elle a ajouté qu’elle se faisait souvent courtiser par des hommes de valeur, qu’elle passait son temps à éconduire. Au cours de nos entretiens, j’ai découvert qu’elle portait un très lourd fardeau familial : une mère schizophrène, un père fruste et brutal, un frère psychotique… Pourtant, en dépit de ses problèmes, elle organisait sa vie de façon assez intelligente : elle fréquentait un groupe de philosophie, voyageait volontiers, savait se montrer généreuse et serviable. Pour moi, Béatrice était borderline – une personnalité complexe et instable. »

Richard Meyer est le père de la somatothérapie – terme générique désignant les thérapies psychocorporelles –, qu’il a lancée il y a près de trente ans. Fondateur et directeur de l’École européenne de psychothérapie socio et somato analytique (Eepssa), il est aussi l’auteur de nombreux livres, dont Le Manifeste de la psychothérapie intégrative (Dangles, 2010), et le créateur de la somatoanalyse – l’intégration du corporel à la psychanalyse. « J’ai utilisé cette méthode avec Béatrice, parce qu’elle appréciait l’état de relaxation que le divan lui apportait et le face-à-face visuel. C’est une thérapie longue dans laquelle, en raison de sa personnalité, j’ai dû m’engager avec elle. » La première période a duré plus d’une année et s’est focalisée sur sa famille, la maladie de sa mère, son obligation de survivre à de tels parents, à la pauvreté et au rejet social. Une enfance pendant laquelle elle a dû suppléer aux manques maternels auprès de son frère, une adolescence marquée par la peur de perpétuer la folie ambiante et par une anorexie sévère. « Nous avons beaucoup parlé de cette peur et nous avons fait un long travail de “défusion”, de différenciation et d’autonomisation, poursuit Richard Meyer. Béatrice parlait de façon continue et intériorisée. On peut dire qu’elle a fait consciencieusement son boulot d’analysante. Cela lui a donné de plus en plus de force pour se manifester au travail, avoir des initiatives intéressantes, aff ronter son patron quand il le fallait. Au bout de deux ans, elle a rompu avec son ami et lui a demandé de partir. Pour la première fois depuis longtemps, elle prenait le contrôle de sa vie. »
Et la partie corporelle du travail ? Dès la première séance, Richard Meyer avait remarqué que, chaque fois qu’elle parlait, la jeune femme mettait sa main sur son épigastre – le haut de son abdomen. « De temps en temps, je posais la mienne parce que je sentais que Béatrice avait besoin d’un travail énergétique. Un jour, elle m’a dit sentir un énorme “trou”, douloureux et inquiétant, au niveau de son diaphragme. J’ai mis la main sur cette zone, et elle a décrit avec précision ce qu’elle ressentait. Un centre énergétique était en train de s’éveiller. » À partir de là, Béatrice a vu monter en elle une force nouvelle qu’elle ne se connaissait pas, et s’est mise à réorganiser sa vie. Elle a pris de la distance avec sa famille, s’est affirmée au travail, s’est engagée dans l’humanitaire et a commencé à écrire… « La tradition hindoue appelle ce centre énergétique le chakra du coeur, indique Richard Meyer. Que l’on y croie ou pas, cela a eu un résultat étonnant sur cette jeune femme : elle s’est renforcée non seulement dans sa vie professionnelle et matérielle, mais aussi affective. Elle a adopté un fonctionnement consistant en une pure ouverture aux autres, généreuse et chaleureuse, sans aucun désir de possession ni l’envie de se lancer dans une relation amoureuse. Son développement spirituel a commencé à la nourrir, donnant une place privilégiée à la nature et aux êtres humains. »

L'historique

Si les premières conceptions du lien entre le corps et l’esprit remontent aux sources mêmes de la médecine chinoise, et que Platon parlait déjà de la santé de l’âme et du corps, c’est vers la fin du XIXe siècle que le terme « psychosomatique » naît, avec les travaux du psychiatre allemand Johann Heinroth. C’est ici l’aspect médical qui s’intéresse aux maladies psychosomatiques. La version psychanalytique apparaît au début du XXe siècle avec Sigmund Freud et surtout Georg Groddeck, pour qui tout symptôme physique provient d’un conflit psychique. Carl Gustav Jung ira plus loin en posant l’idée d’une véritable union entre le corps et l’esprit. En 1962, le médecin et psychanalyste Pierre Marty cofonde l’École de psychosomatique de Paris, mais il faudra attendre les années 1970 pour qu’apparaissent les thérapies psychocorporelles, généralement issues du mouvement américain des nouvelles thérapies. Elles sont regroupées sous le terme générique de « psychosomatothérapie » forgé par Richard Meyer.

Les praticiens

École européenne de psychothérapie socio et somatoanalytique (Eepssa) 
Fondée et dirigée par le psychiatre et psychanalyste Richard Meyer, cette école, qui a formé plus de mille professionnels en vingt-cinq ans, propose des cursus complets en somatothérapie, art-thérapie, musicothérapie, psycho et sociosomatothérapie. Son approche est basée sur une intégration méthodique et scientifique des grands courants (cognitiviste, comportemental, psychanalytique, systémique humaniste, transpersonnel…). L’Eepssa est implantée dans six villes : Paris, Lyon, Strasbourg, Toulouse, Nantes, Aix-en-Provence. 
Rens. : 03 88 68 56 54 et eepssa.org.
L’École du corps-conscience
Nathalie Alvarez a créé sa propre méthode, qui privilégie le toucher comme outil révélateur et thérapeutique. Son école propose une formation en quatre niveaux (soixante dix-neuf jours au total). Elle organise également des stages d’été ouverts à tous (« Massages, méditation, mouvement », « Massages, yoga, créativité »…).
Rens. : 04 67 69 13 70 et ecole-corps-conscience.com.

Trop d’enfants chez le psy ?

Un sommeil perturbé, des notes en baisse, des repas compliqués… Au moindre trouble, les parents ont tendance à conduire leurs enfants chez un thérapeute. Trop tôt ? Trop vite ? Oui, si on ne sait pas bien les écouter avant de consulter.
Il y a dix ou quinze ans, Nicole Prieur recevait à sa consultation des enfants et des adolescents avec de vrais troubles du comportement, une anxiété invalidante, de grandes souffrances liées à leur histoire ou à leur place dans la famille. « À l’époque, se rappelle la philosophe et psychothérapeute, les parents étaient le plus souvent réticents à les conduire chez le psy. Ils suivaient la recommandation d’un tiers, pédiatre ou école. Mais la démarche pouvait être très inquiétante pour eux, très culpabilisante. Aller chez le psy, cela voulait dire que l’on était fou… »
Le temps et les médias aidant, les parents viennent aujourd’hui plus facilement, de leur propre initiative, dès qu’un symptôme perdure. « Si l’enfant fait des cauchemars trois nuits d’affilée, ils se font confi ance pour l’aider, constate-t-elle. Si cela se prolonge pendant quinze jours, ils n’hésitent pas à consulter. De la même manière, lorsqu’un enfant de couple séparé revient en pleurant d’un week-end chez son autre parent, deux fois, trois fois, ils tentent de régler la difficulté par eux- mêmes. Au-delà, ils prennent rendez-vous. » Agnès, 39 ans, emmène régulièrement son fils Thomas, 12 ans, chez une psychanalyste. « Il n’y a jamais rien de grave en soi, explique-t-elle. La première fois, c’était parce que les devoirs étaient devenus une épreuve de force. La deuxième, parce que son père, dont je suis séparée, venait d’avoir un autre enfant. J’ai fait appel à cette psy à un moment où je sentais que j’avais atteint mes limites. Ou que Thomas pouvait avoir besoin d’exprimer certaines choses à quelqu’un d’autre qu’à moi. Mais je ne peux pas m’empêcher de penser que je devrais – ou que son père et moi devrions – être capable de l’aider sans faire appel à un spécialiste. »

Une frénésie de conseils

« On a de plus en plus affaire à des parents sans repères », confirme la pédopsychiatre et psychanalyste Catherine Mathelin-Vanier, pour qui la promptitude avec laquelle ceux-ci viennent aujourd’hui consulter révèle un problème de société. « Ce ne sont pas de mauvais parents. Ils ne sont, pour la plupart, ni démissionnaires ni laxistes, comme on a trop vite tendance à le dire. Simplement, ils sont noyés sous les conseils contradictoires des magazines, des forums sur Internet ou des manuels d’éducation. Ce que j’entends le plus souvent aujourd’hui, c’est “On a tout essayé”, une chose et son contraire. »
L’enfant a du mal à s’endormir ? Une fois, on le laisse pleurer, une autre, on le prend dans son lit, on le berce, on le rassure, on le gronde… « Or, les conseils ne marchent pas, assure-t-elle, car aucun enfant n’a les mêmes raisons de ne pas réussir à s’endormir. » Trop de conseils d’une part, trop d’étiquettes de l’autre. « Ce qui me soucie, confie Nicole Prieur, c’est l’empressement avec lequel on requalifie la singularité de l’enfant en y apposant des diagnostics à l’emporte-pièce : surdoué, dépressif, futur délinquant… » Julien, 42 ans, s’est entendu dire par une puéricultrice de la crèche que son bébé, parce qu’il s’occupait tranquillement dans son coin, était peut-être autiste. « Je n’y croyais pas vraiment, mais, avec tous les enfants dont elle s’était occupée, je me suis dit qu’il valait mieux vérifier, confesse-t-il. Au C.P., mon fils était devenu plus turbulent. L’enseignante a estimé qu’il était peut-être hyperactif. Là, je me suis mis en colère ! » De fait, certains atterrissent trop vite en consultation ou y restent trop longtemps, « parce que l’époque tolère de moins en moins bien qu’il y ait parfois, les concernant, des petites inquiétudes, des petits soucis de comportement, les angoisses normales de la vie, affirme la psychothérapeute. Il faudrait qu’ils soient parfaitement épanouis, heureux à cent pour cent ». Alors on case un rendez-vous chez le psy le mercredi, entre le tennis et la danse, pendant toute l’année scolaire. « Cela peut être tout à fait bien vécu si l’enfant est demandeur, s’il a effectivement des soucis dont il a besoin de parler, commente-t-elle. Ou bien installer, chez lui, l’idée qu’il est démuni devant l’existence, qu’il ne peut grandir sans l’aide d’un spécialiste. »

Parents ou enfants, qui consulte

Catherine Mathelin-Vanier raconte cette anecdote : « Je reçois une petite fille de 4 ans qui fait des crises de jalousie terribles depuis la naissance de sa petite sœur. Elle pince le bébé, s’assoit sur le couffin, essaie de le faire tomber. Les parents sont inquiets, se demandent si elle est méchante. J’avance qu’elle est peut-être juste triste, inquiète qu’on ne l’aime plus autant. Sur le pas de la porte, l’enfant se retourne vers moi et me dit : “Toi, je sais quel métier tu fais, tu es traducteur pour les parents.” »
Aujourd’hui, les pères, les mères sont tellement débordés, tellement pris dans les contraintes du travail, leurs inquiétudes pour l’avenir, qu’ils ne prennent plus le temps d’écouter leurs enfants. Devant leurs comportements, ils plaquent des phrases toutes faites : « Tu as le droit d’être jalouse, mais pas de faire du mal à ta petite sœur », etc. Peut-être qu’il s’agit de ça, peut-être pas. C’est là que le psy peut jouer son rôle de traducteur, trouver ce qui s’exprime à travers les symptômes de l’enfant. La psychanalyste poursuit : « La question n’est pas tant “Qu’est-ce que je dois dire à mon enfant ?” que “Qu’est-ce que mon enfant a à me dire ?” » Prendre le temps de l’écouter, de s’écouter soi-même – comment suis-je avec lui ? Qu’est-ce que j’attends de lui ? Est-ce que je lui apporte ce dont il a besoin ? – permet de trouver avec lui les ressources pour surmonter ses difficultés passagères. « Pour autant, lorsque les parents sont inquiets, il ne s’agit pas de leur dire de parler avec l’enfant avant de consulter, précise Bernard Prieur – le mari de Nicole –, psychanalyste et thérapeute familial. Dans un contexte difficile, on n’est pas toujours en mesure d’entendre ce que dit l’autre, tellement nos angoisses prennent le dessus. Il faut s’occuper de cette inquiétude qui gèle les compétences familiales. »
C’est pourquoi il peut être bon, avant de décider de prendre rendez-vous pour l’enfant, « de consulter d’abord pour soi, suggère la psychologue Maryse Vaillant. D’aller parler à un spécialiste pour adultes, de décrire les symptômes pour lesquels on s’inquiète, leur retentissement sur soi, sur la famille. Il y a des choses que l’on ne peut exprimer qu’à une personne extérieure : que l’on ne souhaitait pas cette grossesse, que le couple n’allait pas bien, que l’on s’est d’abord senti très démuni devant ce bébé… Il y a autour de chaque enfant un environnement névrotique normal qui a des effets sur lui. Les parents ont les ressources pour l’aider, en pratiquant naturellement ce que le pédiatre et psychanalyste Donald W. Winnicott appelait le holding : en le portant physiquement et psychiquement, en l’entourant de leurs bras, en le soutenant dans ses capacités, ses projets, ses émotions, même s’il souff re de troubles graves. Mais ils ne peuvent pas le faire lorsqu’ils se sentent fautifs. D’où l’importance d’aller parler de leurs propres difficultés, pour pouvoir jouer leur rôle ». Trop d’hommes et de femmes redoutent, en consultant pour leur enfant, d’être eux- mêmes désignés comme « ceux qui vont mal » ou d’être renvoyés à leurs carences éducatives. « Mais toutes les souffrances d’un enfant ne sont pas liées à des difficultés éducatives, loin de là, affirme Bernard Prieur. L’approche systémique considère que la plupart des symptômes, chez l’enfant, l’adolescent ou l’adulte, sont dus à un mauvais positionnement dans le système familial : un père qui se vit encore comme un fi ls, un troisième mis à la place de l’aîné, un enfant sur qui pèse une mission implicite, héritée des générations précédentes. On ne règle aucune de ces questions en faisant davantage preuve d’autorité, mais en explorant les places de chacun au regard de l’histoire familiale. » Une compétence qui appartient au psy, pas aux parents.

Un souci bienvenu

« Autrefois, on laissait beaucoup de petits soucis s’aggraver alors qu’il suffi t souvent de deux ou trois séances pour remettre un enfant sur les rails de sa propre vie, affirme Catherine Mathelin-Vanier. Raison pour laquelle la banalisation des consultations pour enfants est tout de même une très bonne chose. S’en remettre au psy permet à celui-ci de repérer s’il y a, derrière les diffi cultés rapportées par les parents, des problèmes plus graves. Et même si leur fi ls ou leur fi lle n’a que de petits soucis, ils ne viennent jamais pour rien. Ils viennent parce qu’ils ont des questions légitimes. » Si leurs inquiétudes se révèlent parfois infondées, le souci qu’ils ont pour leur enfant est, lui, toujours bienvenu. « C’est le signe qu’ils sont attentifs à son bien-être. On ne l’est jamais trop », approuve Bernard Prieur.
Qu’elles soient petites ou grandes, toutes les inquiétudes d’un parent concernant son enfant gagnent à être discutées avec un spécialiste, qui pourra juger de leur gravité et du suivi nécessaire. D’abord parce qu’il n’y a aucune raison de rester avec une angoisse qui retentit sur la relation avec lui – et encore moins de le laisser avec une souffrance qui risque, à terme, d’entraver son développement. Ensuite parce que la démarche ne peut que lui être profitable. « Ce qui m’épate, avec les enfants qui ont déjà consulté, surtout si la prise en charge a été courte et efficace, c’est qu’ils demandent volontiers à revenir lorsqu’ils rencontrent une nouvelle diffi culté, constate Nicole Prieur. Ils font alors preuve d’une capacité d’élaboration, d’une objectivité et d’une profondeur étonnantes. Au terme de la prise en charge, j’ai l’habitude de leur dire : “Tu t’es fait un grand cadeau. Tu es venu parce que tu avais un souci, et tu as vu que, lorsque l’on s’en occupe, ça va rapidement mieux.” »

Les signaux d'alerte

Entre 3 et 6 ans, on se préoccupe de signes qui évoquent une inadaptation sociale ou scolaire : pas de simples bousculades, mais une grande violence que l’enseignant ne parvient pas à contenir. Pas une simple timidité, mais une grande inhibition, une difficulté à participer aux activités proposées. 
Avant 11 ans, on est alerté par les décalages importants entre ce que l’enfant est censé savoir ou faire et la réalité. Par exemple, un retard scolaire important, des problèmes de propreté (énurésie, encoprésie)… 
Chez l’ado, difficile de déterminer s’il va mal parce qu’il est adolescent ou s’il va mal tout court. Il claque les portes, fait la tête et critique tout ? C’est normal, pourvu qu’il retrouve le sourire avec ses copains. En revanche, s’il est secret, isolé, s’il sèche l’école pour s’enfermer et non pour s’amuser, si l’on a des doutes sur ses fréquentations ou sa consommation de substances, s’il a des préoccupations excessives concernant son poids, s’il tient des discours sombres sur l’avenir ou ses capacités, il faut consulter.

Les thérapies psychocorporelles

La thérapie psychocorporelle travaille sur le corps pour apaiser les maux de l'esprit et libérer nos émotions les plus enfouies. Elle s'appuie sur un principe cher à William Reich, selon lequel nos souvenirs douloureux sont refoulés dans l'inconscient et enregistrés dans le corps, formant une véritable cuirasse. Alternant verbalisation du ressenti et travail corporel (relaxation, libération des émotions, massages thérapeutiques), les différentes méthodes renouent avec l'importance du contact physique et décryptent les messages de la somatisation.

Historique

L'approche verbale de la psychanalyse met le corps entre parenthèses, même si certains des disciples de Freud, très controversés à leur époque, en avaient perçu l'importance : Reich, Groddeck, Otto Rank... Il faudra attendre les années soixante, les prémices de la grande vague hippie et de la libération sexuelle pour qu'aux Etats-Unis, des petits groupes de psychothérapeutes décident de se démarquer, d’une part de la psychanalyse freudienne, d’autre part de la psychologie béhavioriste, trop portée sur l'étude du comportement. C'est sur la côte Ouest, notamment à Essalen, que les pionniers jettent les bases des nouvelles thérapies psychocorporelles. Ils sont un certain nombre à renouer avec les fondements biologiques de la vie et le plaisir d'exister dans son corps. Alexander Lowen développe ainsi la bioénergie, Fritz Perls la Gestalt, tandis qu’Arthur Janov invente la thérapie du cri primal et Ida Rolf, le rolfing, un massage psychologique.

Le principe

Contrairement aux méthodes basées sur l'échange verbal, les thérapies psychocorporelles considèrent le corps et son langage comme une porte d'entrée vers le mieux-être. Toutes s’appuient sur la théorie de William Reich, selon laquelle une émotion refoulée s’accompagne toujours d’une rigidification des muscles, qu’il nomme “la cuirasse musculaire somatique”. Ce corps qu’on a pris l’habitude de malmener, de maîtriser, afin de se fabriquer une image derrière laquelle on se cache, ce corps garderait donc la trace de nos blessures émotionnelles. De nombreuses thérapies vont intégrer cette notion dans leur pratique et soulager les tensions corporelles pour agir sur le psychisme. Certaines privilégient la parole, d’autres favorisent la prise de conscience par le mouvement, la relaxation, ou encore par le massage.

Le déroulement d’une séance

Les séances vont différer d’un courant à l’autre de la thérapie psychocorporelle. En voici les principales tendances 
Verbalisation : ces thérapies (sophro-analyse, Gestalt, bioénergie…) alternent verbalisation du ressenti et travail sur le corps, en utilisant des techniques aussi diverses que la relaxation, les jeux de rôles ou encore la libération des émotions. Elles ont pour ambition de mettre à jour des vécus qui n’émergeraient probablement pas en analyse. Et de modifier également le rapport au corps.
Les gymnastiques globales : le corps en dit long sur le rapport que nous entretenons avec nous-même et le regard des autres. Les praticiens en gymnastiques globales (eutonie, danse-thérapie, méthode Feldenkrais…) mettent l’accent sur nos sensations et proposent un travail “en conscience”, sur les postures, les gestes, les attitudes. Leur objectif est de libérer les tensions physiques afin de résoudre dans un même temps, les blocages psychiques.
La relaxation : qu’il s’agisse du training autogène de Shultz ou de la relaxation progressive de Jacobson, chacune de ces techniques permet d’accéder rapidement à une détente physique et mentale par un processus de décontraction musculaire et vasculaire. Le mécanisme consiste à focaliser son attention sur une image mentale (un lieu de calme) et des sensations corporelles (chaud, tendu), et de mettre à distance l’émotion perturbatrice.
Les massages psychologiques : Il a fallu attendre le “rolfing”, le premier massage “psychologique” dans les années 50, pour que l’on reconnaisse les effets thérapeutiques du toucher. La technique repose sur un travail en profondeur des fascias, ces fines membranes qui enveloppent muscles et organes, et permet d’explorer les relations entre les symptômes et le psychisme, afin de libérer certains blocages émotionnels Depuis, le massage, sous ses multiples formes, (sensitive gestalt massage, Matthias Alexander, Camili) a fait son entrée dans l’univers des thérapies.

Indication et contre-indications

Les thérapies psychocorporelles reposant également sur la verbalisation, conviennent aux personnes sujettes à la dépression ou qui cherchent tout simplement à rétablir leur équilibre émotionnel. Les techniques de relaxation sont plutôt recommandées à celles sensibles au stress, qui recherchent une sensation de bien-être immédiat. Ces techniques sont également efficaces en cas de phobies. Toutes les thérapies sur le mouvement sont performantes en cas de somatisation. Quand le corps nous échappe, avec mal au dos, migraines et aussi manque de désir sexuel. Les techniques de massage ont pour effet premier, une prise de conscience de l’unité corporelle, et sont toutes indiquées pour mieux “habiter” son corps.

Prix et durée

Une séance de thérapie psychocorporelle dure environ cinquante minutes. La plupart des méthodes sont toutes considérées comme des thérapies brèves : il faut compter entre 5 et 20 séances pour qu'elles soient efficaces. Une séance coûte entre 50 et 100 € selon la méthode employée. Mais au vu de la variété des méthodes regroupées sous le terme de psychothérapie corporelle, et donc de l'éventail des tarifs, il est préférable de se reporter aux fiches techniques concernant chacune.

Les thérapies cognitives et comportementales

Les thérapies cognitives et comportementales (TCC) s'intéressent à la partie visible de l'iceberg, celle qui fait souffrir. La pratique est centrée sur la cognition, c'est-à-dire les pensées et les croyances parfois erronées et négatives que cultive l'individu sur lui-même. Celles-ci peuvent générer un état de souffrance et un comportement névrotique (dépendance, phobies, T.O.C.) que la thérapie va alors s'attacher à corriger. De la famille des thérapies brèves, les TCC s'appuient sur une relation active entre le thérapeute et son patient dans l'apprentissage de nouveaux comportements.

Historique

Les premiers essais sur les thérapies comportementales ont été publiés en 1913, par Watson, qui défend l'idée du "behaviorisme" selon laquelle la psychologie devrait se centrer sur l'étude des comportements. Les thérapies cognitives quant à elles, ont été développées dans les années 60, par Alber Ellis et Aaron Beck. Le premier s'est intéressé aux épisodes dépressifs venant de la vision grandiose que nous avons de nous-même comparée à ce que nous sommes capables de faire, générant la plupart du temps des appréciations défaitistes. Le second, Aaron Beck, après avoir évalué les résultats de différentes thérapies, axe sa recherche sur les cognitions, nos pensées et nos croyances. La synthèse entre comportemental et cognitif s'est faite d'elle-même, les thérapeutes pratiquant un aller-retour fréquent entre les deux.

Principe

Les thérapies cognitives et comportementales sont fondées sur l'apprentissage de nouveaux comportements, à partir de l'élaboration de pensées plus adéquates : il s'agit de réussir demain, ce dont on se croit incapable aujourd'hui et que, de ce fait, on a raté hier. La pratique repose en partie sur l'analyse fonctionnelle du problème, avec la mise à jour des déclencheurs, des monologues intérieurs y afférant, et bien sûr des comportements "compulsifs". Puis sur l'élaboration d'objectifs, qui consistent essentiellement en un certain nombre de tâches précises à accomplir. Ce qui sous-entend pour le patient de se mettre en situation stressante. D'où un autre principe essentiel aux TCC : un contrat ou une collaboration active entre les deux parties, qui permet d'évaluer ce que le patient peut accepter. Il n'y a pas d'obligation donnée par le thérapeute.

Déroulement d'une séance

La première séance est consacrée à l'écoute du problème du patient. La suivante repose sur la description détaillée des cognitions et du comportement associé aux multiples situations du quotidien : à quoi pense-t-on quand on se réveille ? le petit déjeuner avant ou après la douche ? L'objectif est avant tout d'établir une liste des moments les plus angoissants. Trois ou quatre séances plus tard, le thérapeute et le patient élaborent ensemble un contrat, avec des tâches à accomplir (dîner dans un lieu public, prendre l'ascenseur) selon un agenda précis, dans le but de modifier progressivement le comportement. Le thérapeute s'implique : il pose des questions, conseille et éclaircit les points qui peuvent aider son patient à comprendre son trouble et à trouver des solutions pour en sortir. Les séances suivantes traitent des difficultés que rencontre le patient, et d'un réajustement éventuel. Dans certains cas (les phobies), une séance de relaxation est nécessaire pour parvenir à une désensibilisation de l'objet de la peur. Chaque séance est différente de la précédente, puisqu'il s'agit à chaque fois de progresser un peu.

Indications et contre indications

Phobies et troubles obsessionnels compulsifs (TOC) sont le champs actuellement le plus connu des thérapies comportementales, de même que les phobies sociales qui entraînent certains troubles tels que trac, tremblements, sueur. Associées aux thérapies cognitives, elles agissent aussi sur les dépendances comme la boulimie, le tabagisme, l'alcoolisme ou bien encore les problèmes d'ordre sexuel.

Contre indications :

Les TCC ciblent un trouble précis, elles ne conviennent pas à un mal-être indéfini, qui demande un travail de structuration de l'identité ou un besoin de parler et d'être écouté.

Durée et prix

De la famille des thérapies brèves, les TCC préconisent une cure d'une vingtaine de séances, avec deux séances hebdomadaires, en cas de crise aiguë. Chaque séance dure 45 minutes environ. Le traitement global s'envisage sur une courte durée : de trois à six mois, maximum. Au-delà, le thérapeute peut considérer que le sujet tient à son symptôme et qu'il devrait engager une thérapie plus longue.
Les prix varient selon qu'on consulte un psychologue ou bien un psychiatre. Les consultations avec un psychologue tournent autour de 60 à 70 Euros, et peuvent même être gratuites dans le cadre hospitalier. Celles avec un psychiatre peuvent varier de 80 à 130 Euros dans un cabinet privé, tandis que les tarifs sont fixés à 37 euros à l'hôpital. Effectués par un médecin psychiatre, elles sont partiellement prises en charge par la Sécurité sociale.

Reprendre sa vie en main avec les TCC

À 35 ans, Marion, directrice de marketing, ne sait plus où elle en est : grignotages, excès d’alcool et liaisons sans lendemain suivent des périodes de régimes drastiques et de pratiques sportives forcenées. Elle décide d’entamer une thérapie comportementale et cognitive.
« Les thérapies comportementales et cognitives, ou TCC, sont réputées pour leur efficacité à résoudre des problèmes spécifiques, tels une phobie ou un comportement obsessionnel, explique Jean-Christophe Seznec, auteur deJ'arrête de lutter avec mon corps, votre thérapie par l'action (PUF 2011). Pourtant, de plus en plus de personnes, comme Marion, me consultent pour une souffrance globale, dépassant largement un symptôme spécifique. » Selon ce psychiatre et psychothérapeute, « la plupart sont insatisfaites de leur vie et ont l’impression de ne plus pouvoir exercer le moindre contrôle sur elles-mêmes. Leur mal-être se traduit par des attitudes compulsives : elles enchaînent restrictions alimentaires et grignotages, sorties tardives et nuits d’insomnies passées devant les séries télé, traversent des phases d’excès d’alcool, de sexe ou de sport suivies par d’autres de reprise en main, etc. ».
Contrairement aux thérapies analytiques, les TCC ne recherchent pas les causes du trouble et ne s’intéressent ni à notre histoire ni à notre enfance. Elles ont un objectif précis : nous permettre, le plus rapidement possible, de résoudre un ou plusieurs problèmes de comportement – peur de l’avion ou de parler en public, insomnies, crises d’angoisse, boulimie… Les TCC ont évolué en même temps que les besoins. « Nous en sommes à la troisième génération, détaille Jean-Christophe Seznec. La première, purement comportementale, consistait à remplacer un comportement par un autre. La deuxième, cognitive, se focalisait sur les pensées, les croyances et les opinions négatives de la personne afin de les remplacer par des affirmations positives. Aujourd’hui, les différentes méthodes s’appuient de surcroît sur la gestion émotionnelle : le travail consiste à changer la façon dont on considère ses pensées et ses émotions, et à s’engager dans des actions qui comptent réellement pour soi. »

Concrètement, comment se déroule une séance de « troisième génération » ? « J’essaie de faire en sorte que les entretiens soient le plus interactifs et vivants possible, répond le thérapeute. Je propose des exercices ludiques que j’invente au fil des séances. Je peux aussi suggérer la lecture de livres, car, plus la personne connaît de choses sur son fonctionnement, plus elle développe ses propres compétences, et plus elle est autonome. »
Après avoir présenté à Marion le lien entre pensées, émotions et sensations physiques, le psychothérapeute lui propose de reprendre une à une les situations qui lui posent problème, et d’exprimer les sensations et émotions liées à chacune d’elles. Ensuite, d’identifier les pensées automatiques qui s’imposent à elle pendant ces comportements compulsifs. « Il est ressorti une peur de ne pas être à la hauteur, tant dans sa vie professionnelle que personnelle… Cette croyance provoquait une tension intérieure qu’elle cherchait à calmer avec des comportements maltraitants envers elle-même – grignotage, alcool, multiplication des liaisons. Ce sont des fausses solutions très communes pour “purger” les émotions. »
La solution ? Construire des pensées alternatives aux pensées automatiques et faire le choix conscient d’un comportement adapté. « Pour cela, j’utilise la technique de la “pleine conscience”, la mindfulness, qui consiste à diriger son attention sur soi, de façon consciente et sans jugement de valeur, précise Jean- Christophe Seznec. Cette méthode, utilisée parfois en prévention des rechutes dépressives, permet de trouver en soi les bonnes solutions pour sortir de l’enfermement des comportements compulsifs. Une question s’impose alors, que chacun de nous peut se poser : “Est-ce que je me rapproche ou m’éloigne de la personne que je voudrais être ?” »

L'historique

C’est en 1924 que la psychologue américaine Mary Cover Jones tente la première thérapie comportementale : elle expose des enfants à l’objet de leur peur, tout en les récompensant et en leur montrant d’autres enfants qui n’ont pas peur. Dans les années 1950, deux autres psychologues américains, Joseph Wolpe et Burrhus F. Skinner, mèneront des recherches sur la désensibilisation aux peurs et le conditionnement. Dans les années 1960, les psychiatres américains Albert Ellis et Aaron Beck déclenchent la « révolution cognitiviste », en prenant en compte émotions, croyances et mode de pensée pour traiter des troubles comme la dépression. La synthèse entre comportemental et cognitif s’est ensuite faite au fur et à mesure de la pratique.

Contacts

Association française de thérapie comportementale et cognitive (AFTCC)
Propose une formation initiale en trois ans, des modules de spécialité, une supervision. Sur le site, on trouvera un annuaire des membres par régions. 
Rens. : 01 45 88 35 28 et aftcc.org.
Institut francophone de formation et de recherche en thérapie comportementale et cognitive (Iff orthecc) 
Formation continue pour les psychologues, le personnel paramédical, les éducateurs et assistants sociaux, avec un diplôme de psychothérapeute spécialisé, des ateliers de perfectionnement, des conférences… 
Rens. : 04 50 66 17 71 et ifforthecc.org.
Association méditerranéenne des thérapies émotionnelles, cognitives et comportementales (Meditecc) 
Organise des stages, des séminaires professionnels, et a mis en ligne un annuaire de ses membres.
Rens. : meditecc.fr.

Peut-on être son propre psy ?

« Découvrez vos blocages », « Apprenez à vous connaître »… Des centaines de livres, de tests, d’articles nous le font miroiter : mener l’enquête sur nous-même serait possible. C’est vrai, répondent les thérapeutes… jusqu’à un certain point.
«Un psy, pour quoi faire ? » Pour quelle raison livrer ses secrets les plus intimes, les plus « honteux » à un « étranger », et le payer, quand les rayons des librairies regorgent de best-sellers nous promettant la découverte de notre « vrai moi » ou le « dépassement de nos blocages secrets » ? Bien équipés, motivés, volontaires, nous devrions a priori pouvoir facilement nous comprendre. Ce n’est pas si simple, tempère le psychanalyste Gérard Bonnet : « N’espérez pas devenir votre propre analyste, car cette position exige une distance vis-à-vis de soi qu’il est difficile d’atteindre vraiment. Il est en revanche possible de mener une investigation sur soi en acceptant de laisser surgir son inconscient, en travaillant à partir de toutes les indications qu’il nous donne subrepticement. » Cette technique dite de l’autoanalyse n’est pas une lubie distillée par quelques « docteurs foldingues ». Elle est même à l’origine de la psychanalyse.

Chercher les indices

C’est à partir de sa propre autoanalyse, et plus particulièrement d’un de ses rêves, celui de « l’injection faite à Irma » (Le Rêve de l’injection faite à Irma de Sigmund Freud - Payot, “Petite Bibliothèque”, 2011), que Sigmund Freud a élaboré sa théorie en juillet 1895. Nous pouvons parfaitement l’utiliser et l’appliquer à nous-même à partir de tous les indices que nous livre notre inconscient : les rêves, bien sûr, mais aussi les actes manqués, les lapsus, les oublis curieux, les « incidents bizarres » qui émaillent nos journées. Cela nécessite d’y consacrer régulièrement un certain temps, détaille Gérard Bonnet. « Au moins trois à quatre matins par semaine, de préférence au réveil, nous démarrons la journée en laissant revenir les rêves de la nuit, les oublis, les petits comportements étranges de la veille, propose-t-il. Il s’agit de noter dans un carnet tout ce qui vient, de la manière la plus libre possible, de pratiquer l’association d’idées sans soigner le style ou se soucier d’une quelconque cohérence. Ensuite, nous pouvons partir au travail, puis, le soir ou le lendemain matin, nous pencher à nouveau tranquillement sur ce que nous avons écrit pour y voir plus clair. 
Entre 20 et 30 ans, Laurent, 38 ans, a commencé à inscrire scrupuleusement ses rêves dans un cahier, puis à jouer à les associer librement aux idées qui lui venaient ou pas : « À 26 ans, il m’est arrivé quelque chose d’étrange, confie-t-il. J’avais tenté plusieurs fois de passer mon permis, en vain, mais voilà qu’une nuit je rêve que je suis au volant d’une voiture rouge et que je dépasse quelqu’un. Au moment où je le double, je ressens une sensation de bien-être extraordinaire. Je me suis ensuite réveillé avec cette délicieuse impression. En même temps que je me racontais cette image incroyablement précise, je me suis dit que je pouvais le faire. C’était comme si mon inconscient m’envoyait une injonction. Et, quelques mois plus tard, je conduisais vraiment une voiture rouge ! »
Que s’est-il passé ? Quel déclic s’est produit ? Certainement pas celui d’une interprétation ou d’une analyse symbolique particulièrement fine des images qui l’ont traversé durant la nuit, puisqu’il s’est contenté cette fois-là de relater « platement » l’épisode, précise-t-il.

Se libérer plutôt qu’interpréter

Nous sommes souvent travaillés par la volonté d’éclaircir nos actes, nos gaffes, nos songes. Erreur, soutiennent de nombreux psys. Il suffit parfois de se libérer, d’expulser sans chercher à expliquer, pour que le symptôme disparaisse. Ce n’est pas parce que nous pensons nous comprendre que les choses changent. Ce qui entre en jeu, c’est moins notre capacité à interpréter correctement les signaux lancés par notre inconscient que notre faculté à le soulager des images qui reviennent indéfiniment, explique l’analyste jungienne Claire Delabarre : « Notre inconscient demande juste à être entendu. Il nous commande à notre insu quand il souhaite faire parvenir un message à notre conscience. »
Marianne, 40 ans, a longtemps cru que ses angoisses nocturnes, ses amours calamiteuses résultaient d’une relation complexe avec un père absent : « J’analysais tout à travers ce prisme et je répétais les mêmes relations névrotiques avec des hommes “impossibles”. Une nuit, j’ai rêvé que ma grand-mère paternelle, avec qui j’ai passé toute mon adolescence, me tendait les bras en pleurant. Et le matin où j’inscrivais cette image, le souvenir de notre relation complexe, des cauchemars qui la hantaient, m’a sauté au visage. Il n’y avait rien à comprendre. C’était juste une vague de fond qui m’a submergée, puis libérée. »
Il est inutile de se ronger les sangs en se demandant si notre explication est bien la bonne à propos de telle manifestation ou attitude d’échec. « Ce qui compte, c’est la libre expression. Freud, d’abord très axé sur l’interprétation, avait fini par aboutir à la conclusion suivante : “Démontez, démontez, cela se remontera tout seul” », relate en riant Gérard Bonnet, qui insiste sur les effets positifs d’une autoanalyse bien menée. « Nous accédons à une plus grande liberté d’esprit, nous pouvons nous débarrasser de nombreux symptômes, comme des troubles obsessionnels compulsifs, qui, souvent, perturbent gravement notre rapport aux autres. »

Décupler le travail thérapeutique

Mais l’exercice a ses limites. Selon le psychanalyste Alain Vanier, il n’est pas envisageable de creuser seul très profondément en soi, car « nous rencontrons rapidement des butées et une certaine complaisance incontournable vis-à-vis de nous-même. Dans une psychanalyse, nous partons d’une plainte. Et le processus de la cure consiste à nous diriger là où ça fait mal, là où précisément nous avons construit notre existence pour ne pas aller : le noeud de l’affaire ». Ce qui est tapi au coeur de l’inconscient, ce qui constitue son noyau dur, n’est autre que ce que notre conscience, notre moi, ne réussit pas à regarder dans les yeux : une zone de souffrances enfouies depuis l’enfance et indicibles pour chacun de nous, même les plus gâtés par la vie. Comment supporter d’aller soi-même explorer, retourner, palper les plaies que nous avons dissimulées sous un tapis de névroses, de drôles d’habitudes ou de manies ?
« En face à face avec nous-même, nous recouvrons les points d’étrangeté qui pourraient trop nous surprendre : ce lapsus, ce songe si curieux. Nous nous trouverons toujours de bonnes raisons, et c’est normal : les raisons sont faites pour être bonnes. Si le thérapeute, le psychanalyste sont si importants, c’est parce qu’ils permettent un franchissement de nous-mêmes auquel nous ne pouvons parvenir seuls », conclut Alain Vanier.
En revanche, assure-t-il avec Gérard Bonnet, si nous pratiquons l’autoanalyse avant, pendant ou même après une cure ou une thérapie, l’efficacité de l’enquête sur soi s’en trouve décuplée. En 1993, le grand psychanalyste Didier Anzieu publiait un texte (In Penser l’inconscient, développements de l’oeuvre de Didier Anzieu sous la direction de René Kaës - Dunod, 2011) dans lequel il racontait une expérience menée sur lui-même vingt et une nuits d’affilée. Pendant la nuit numéro six, quelques vers du Cimetière marin de Paul Valéry lui reviennent en mémoire : « En soi se pense et convient à soi-même […] Je suis en toi le secret changement. » Encore faut-il pouvoir y accéder.

Méthode : l'analyse transactionnelle

Mise au point par le psychiatre américain Eric Berne, dans les années 50, l’analyse transactionnelle (A.T.) développe une grille de lecture de nos “ transactions ”, c’est-à-dire les échanges que nous avons avec notre entourage, et permet d’améliorer nos relations. Le principe repose sur les trois états du moi : un Enfant, un Parent, un Adulte, qui sont les facettes de notre personnalité que nous utilisons pour communiquer avec notre interlocuteur. Cette psychothérapie de type verbal nous apprend à mobiliser ces différents aspects à bon escient, par un travail qui s’articule essentiellement autour de la parole, et de l’expression des émotions si besoin.

Historique

Animé par le désir de rendre la psychologie accessible à un large public, le psychiatre américain Eric Berne, développa en 1956 sa propre conception de l'analyse. S'inspirant notamment des travaux du psychanalyste Federn à qui l'on doit le concept d'état du “ moi ”, Berne propose une théorie originale de la personnalité et de la communication. Ce médecin a pour objectif principal la guérison rapide des patients. C'est dans cette perspective qu'il centre ses recherches pour rendre le traitement plus opérationnel. Par ailleurs, il met l'accent sur la responsabilité de la personne, à la fois dans la mise en place de son histoire et dans sa capacité à changer. En postulant la nature fondamentalement positive de l'homme, il s'intègre au courant humaniste. L'analyse transactionnelle rencontra rapidement un vif succès outre-Atlantique et fut introduite en France en 1975 par la création de l'Institut Français d'Analyse Transactionnelle.

Le principe

Basée sur une certaine conception de la relation et de la communication, l'analyse transactionnelle (AT) examine nos échanges avec notre entourage selon les trois facettes de notre personnalité : l'enfant, le parent ou l'adulte. Ces trois états du "moi" coexistent chez une personne et s'extériorisent indépendamment selon les moments et les circonstances.

L'état Enfant représente la vie ressentie, le lieu de nos motivations et de nos sensations. L’état Parent se manifeste par des comportements critiques, des jugements moraux et des attitudes protectrices. L'Adulte s'informe, évalue les situations, analyse et décide. Grâce à une appréciation objective de la réalité, il a un comportement rationnel et opératoire.

L'AT consiste à diagnostiquer quel état du "moi" intervient chez les personnes en présence, dans une relation. Son but est de permettre à l'individu d'utiliser ses différents aspects de manière appropriée afin de retrouver son autonomie. Cette grille de lecture de nos comportements, donne une meilleure compréhension de soi et améliore la communication avec autrui, tant dans le cadre personnel que professionnel.

Déroulement d'une séance

Dès la première séance, le patient passe un contrat verbal avec son thérapeute en définissant son objectif et les moyens d'y parvenir. Ce contrat peut bien sûr être modifié, mais le fait d'en établir un met à nu les contradictions et les réticences souvent à l'origine du problème. Le travail thérapeutique se fait autour de la parole, des émotions et des sentiments ; il repose sur la prise de conscience de son propre fonctionnement psychologique. Le patient découvre la manière dont il s'est structuré et apprend à repérer ses différents états du moi. Puis, le thérapeute donne à l'individu de nouvelles permissions. Celui-ci peut alors sentir, penser, agir en fonction de ce qu'il ressent, et non du regard des autres. Le thérapeute accompagne et aide le patient à retrouver son état d'Enfant naturel et à "réparer" l'enfant blessé ; à structurer un Adulte objectif ; à renforcer un Parent positif, s’il était défaillant... La personne reprend peu à peu confiance en elle et devient apte à exprimer l'émotion juste dans n'importe quelle situation.

Indications et contre-indications

L'analyse transactionnelle est recommandée pour toutes les personnes qui rencontrent des difficultés relationnelles : timidité, agressivité, susceptibilité, manque d'affirmation de soi... Utilisée en thérapie de couple, elle permet d'analyser les échanges entre les conjoints, et de mettre à jour les différents jeux de pouvoir. Les entreprises peuvent également y avoir recours dans le cadre de formation axées sur la communication (vente, négociation, management d'équipe ou encore conduite de réunion).

Prix et durée

L'analyse transactionnelle se pratique en séance individuelle à raison d'une fois par semaine. Elle dure environ quarante-cinq minutes, les tarifs varient d'un thérapeute à l'autre, et tient compte des revenus du patient. En complément, un travail en groupe, de trois heures ou d'un week-end optimisent le déroulement de la thérapie. Celle-ci peut s'échelonner entre 3 mois et plusieurs années, selon la problématique. Le prix des séances individuelles de 45 mn varie entre 50 et 70 €. Dans le cadre d'un travail thérapeuthique en groupe continu, les tarifs varient beaucoup en fonction de la durée (une heure à six heures) et de la fréquence des séances qui peuvent être hebdomadaires, bi-mensuelles, ou mensuelles.

4 commentaires:

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