Minceur

Crèmes minceur : la formule du fantasme


Chaque printemps, résultats « scientifiquement prouvés » et actifs magiques nous promettent le corps dont nous rêvons. Pourquoi y croyons-nous encore ? Décryptage.
Chaque année au printemps, la nature reprend ses droits, les bourgeons éclosent et, dans les rayons des parfumeries, pharmacies et grandes surfaces, les crèmes amincissantes fleurissent avec une vigueur sans pareille. Cette saison, symbole de renaissance, nous motive pour une nouvelle tentative : cette fois, enfin, notre crème minceur opérera le grand miracle de la disparition de la cellulite, de la peau d’orange, des centimètres superflus qui emprisonnent notre moi authentique. Un jour, la graisse fondra (par magie)… le prince charmant viendra.
Car ne nous y trompons pas, derrière le désir du corps mince et séduisant, se tient presque toujours une demande d’amour. Notre relation à ces baumes qui affinent la silhouette rappelle un peu notre rapport à la voyance : nous constatons que le résultat est rarement à la hauteur de nos phénoménaux et irréalistes espoirs sans pouvoir nous empêcher d’y revenir. Une partie de nous – notre moi rationnel – sait que nos attentes d’un corps de rêve sont vaines. Mais l’enfant en nous, celui qui ne s’est jamais remis de l’inexistence du Père Noël, refuse d’y renoncer.

Un discours scientifique qui rassure

Un ventre plat, une taille de guêpe, des fesses et des cuisses fermes, sans trop d’efforts ni la moindre souffrance, nous promettent nos crèmes minceur. Et qui nous la fait, cette promesse ? Des experts ! L’attrait sans cesse renouvelé pour les soins amincissants tient pour beaucoup au ton « scientifique » utilisé pour vanter leur efficacité.
Arrivées à l’âge adulte, nous devrions avoir compris que les experts ne sont ni neutres ni infaillibles. Mais dans cette société matérialiste, imbibée de philosophie positiviste, la croyance selon laquelle « science égale vérité » semble indétrônable. Aussi, quand, dans une publicité, un médecin ou un spécialiste des plantes nous explique pourquoi il est si difficile d’éliminer la graisse abdominale, nous sommes d’emblée conquises.
Nous le sommes encore davantage quand il confirme qu’une application de gel ou de crème remplace une séance de gym, et que les abdominaux les plus employés en salle ne sont pas adaptés à l’élimination de cette masse grasse. Un professionnel qui comprend si bien notre désir de mincir sans peine ne saurait avoir complètement tort. Même si notre moi conscient nous dit « Fais attention », une petite voix intérieure nous guide vers le rayon « minceur ».

L’homme est un être de langage, et s’il est sensible au poids des mots, il l’est tout autant aux images mentales qu’ils suscitent. Surtout quand il s’agit de « déstocker » les graisses, de « drainer » un corps perçu comme gonflé d’eau sale, de vaincre les « zones rebelles » grâce à une « action ciblée ».
Nous nous voyons d’emblée au cœur d’une guerre de purification qui doit se pratiquer avec les armes les plus récentes, car si nos aïeules les avaient possédées, nous n’en serions pas là, à gémir sur nos rondeurs superflues. D’où, dans la composition des soins, l’abondance de « complexes » amincissants high-tech et brevetés, associant divers ingrédients issus des toutes dernières découvertes. Les plus romantiques seront sensibles à l’exotisme des actifs venus d’ailleurs – thé vert, soja, maté, algues marines – combinés avec les « complexes ». Ces noms vont étancher une soif d’horizons lointains, ils satisfont le fantasme d’un lien renoué avec la bonne mère Nature.
Et, attention, les crèmes sont « amincissantes », « drainantes », jamais amaigrissantes : nous sommes dans l’univers du beau, pas dans la pathologie. Nous ne soignons pas une obésité dangereuse pour la santé. Nous enjolivons notre silhouette, l’affinons, la redessinons. Nous sculptons notre corps, telle une œuvre d’art. Au bout du chemin, c’est l’horizon du plaisir et du désir qui pointe…
Dans tous les cas, pour être crédible, la notice doit être précise : nous voulons savoir combien de centimètres nous allons perdre, où précisément et en combien de jours. Au siècle de l’évaluation et de l’efficacité, le flou fleure l’amateurisme, et nous n’avons pas de temps à perdre.

La promesse de devenir une autre femme

Blonde ou brune, elle est fine et féminine. Pas une once de graisse, nulle trace de rondeurs sur ce corps lisse, fonctionnel… Célèbre ou non, la femme de la publicité, symbole de la crème que nous allons acquérir, doit faire écho à l’image idéale, magnifiée, que nous avons de nous-même. Aussi, en achetant le produit, nous nous offrons en quelque sorte la peau d’une autre : l’autre femme capable de faire tomber tous les hommes – qui n’existe que dans notre esprit…
Une créature dessinée à partir des canons de notre époque et de notre continent bien sûr. Car il en est d’autres où la belle femme est celle dont les hanches, le ventre et les cuisses évoquent la fertilité, l’opulence. Fantasmatiquement, nous allons devenir celle que nous sommes vraiment, mais qui, pour l’instant, est cachée par sa cellulite.
C’est en tout cas une aventure qui rappelle que nous sommes légion à ne pas aimer notre apparence. Et presque toujours pour des raisons qui n’ont rien d’objectif : nous ne nous voyons jamais telles que nous sommes.

Des matières qui allègent le devoir d’être mince

Pot ou tube, bleu comme la mer, blanc comme le lait, vert comme une prairie sous le soleil, l’amincissant reste à portée de vue. Pas question de le ranger au fond de l’armoire. Ce serait courir le risque de l’oublier et de faillir à notre devoir de minceur. En fait, c’est lui qui nous a à l’oeil, dans cette société où être lisse, sans aspérités, dynamique est devenu un mode de vie.
Ce petit contenant ne prend pas beaucoup de place dans la salle de bains, mais il semble nous juger : « Tu dois réussir à maigrir. Si tu n’y arrives pas, c’est que tu manques de volonté, que tu te négliges, que tu es paresseuse, ou trop nulle pour utiliser ce produit correctement. » Or l’oubli systématique du petit rituel minceur ou le recul à la seule idée d’affronter nos bourrelets ne sont pas forcément la preuve d’une tendance coupable au laxisme, mais peuvent cacher un rejet de notre corps sexué – pas de féminité sans cellulite –, donc un refus de le toucher.
Mousse qui caresse la peau, gel qui pénètre sans coller aux doigts, crème fluide; sans une texture agréable, l’amincissant est immédiatement relégué au placard. Il doit satisfaire le plaisir des sens – le toucher, l’odorat, la vue. La crème amincissante nous incite à nous masser, à reprendre contact avec notre corps.
Nous ne perdrons pas trois tailles avant le maillot, ni vingt centimètres de tour de hanches. Mais nous améliorerons notre circulation sanguine, et notre peau n’en sera que plus belle et plus ferme. Dans la foulée, nous allons faire davantage attention à ce que nous mangeons ou buvons. Nous aurons le réflexe de bouger un peu plus. En effet, utiliser quotidiennement un produit minceur, oblige à penser à soi et, par conséquent, réveille le « bon narcissisme », cette force psychique qui incite à se materner, à se faire du bien. Et cet élan vital est plus précieux que la métamorphose d’une taille 42 en un petit 38.
                                   

« Je suis enfin sortie de la spirale des régimes »


À 23 ans, Carole-Anne se trouve obèse et décide d'entreprendre un régime. Quelques mois et 30 kilos en moins plus tard, elle reprend confiance en elle. Mais pourquoi s'arrêter là ? La jeune femme découvre alors l'ivresse de la minceur, cet engrenage où il faut toujours maigrir davantage... Jusqu'à ce qu'elle décide de s'opposer à ses propres diktats pour laisser, enfin, son corps renaître. Douze ans après, elle raconte.

Le poids des médias

« Brigitte Bardot, Marilyn Monroe... Je me souviens de cette époque – je devais avoir 8 ans – où la mode allait plutôt vers des femmes légèrement rondes, pulpeuses. Des icônes féminines auxquelles je me suis identifiée et qui, je pense, m'ont conditionnée... Jusqu'à ce que je me tourne vers Vanessa Paradis. Là, tout s'est compliqué. Elle est devenue l'archétype auquel je voulais impérativement ressembler : un corps fluet, fuselé, à peine formé. Tout ce que je n'étais pas, et ne pourrai jamais être. M'approcher au plus près de sa silhouette est devenu alors un vrai défi personnel.

Le premier régime

J'ai entamé un premier régime à 23 ans. À ce moment-là, objectivement, j'étais obèse et très mal dans ma peau. Le déclic ? Un vrai choc en regardant des photos de vacances : je me suis dit que ce n'était plus possible... J'ai commencé par perdre 30 kilos. C'est comme cela que la machine infernale s'est mise en marche.

L'engrenage

J'ai alors été précipitée dans un cercle vicieux, dans une obsession de l'idée de minceur qui engendre une hantise de la nourriture. J'envisageais tous les moyens possibles pour rester mince. Et perdre toujours plus de kilos. Car la perte de poids procure une sorte d'ivresse. Plus j'en perdais, plus c'était une victoire. J'expérimentais, brutalement, la nouveauté d'être mince, l’extrême jouissance d'entrer dans une taille 36, d'entendre dire que j'étais trop maigre. D'un coup, j’accédais au Graal, j'y avais droit ! Cela me donnait une impression de surpuissance.
Pour y parvenir, je planifiais tout. Nulle improvisation, nul changement n'était toléré. La plupart de mes repas étaient, par exemple, composés principalement de fromage blanc 0 %, idéal pour caler le ventre sans être calorique. Tout ce qui était ingurgité en plus passait par le spectre du calcul frénétique des calories.

Une maîtrise illusoire

En maîtrisant mon poids, j'avais le sentiment de pouvoir bénéficier de cette même maîtrise sur ma propre vie. Si j'étais en mesure de dompter mon corps, je me disais qu'il serait facile de dompter ma vie professionnelle, mes relations, ma vie affective... J'étais alors surprise lorsque tout ne se passait pas comme je l'avais décidé. Pour exemple, j'ai connu un gros chagrin d'amour qui m'a beaucoup frappée, par contraste. Je me disais que j'avais la capacité de diriger mon corps, de lui faire devenir ce que je voulais qu'il devienne, maisacontrario, un garçon dont j'étais amoureuse ne m'aimait pas en retour. Comment cela était-il possible ?

La prise de conscience

Malheureusement, je n'avais pas alors conscience de cet engrenage et je me suis rendu compte des dégâts trop tard. J'ai fini par m'apercevoir que mon esprit était complètement occupé par ces histoires de nourriture et que tout le monde en était témoin. Quand j'abordais le sujet de l'alimentation avec des collègues, il était évident que mon comportement était louche. Autant le processus d'amaigrissement s'était enclenché rapidement après avoir vu ces photos de vacances, autant la prise de conscience a été beaucoup plus lente. Il m'a fallu beaucoup de temps avant de me dire que j'étais en train de devenir folle avec cette obsession des calories, avec ce fromage blanc, avec ma terreur de ne plus rentrer dans un pantalon taille 36. Aujourd'hui, je sais que c'était à ce pantalon de sortir de ma vie, que c'est lui qui avait tort. Mais cela a pris plusieurs années.

Le goût du paradis perdu

Avec le recul, il est certain que cette période reste pour moi comme un Eden. Je sais qu'à ce moment-là j'étais mince comme je ne pourrai certainement plus jamais l'être. J'en ai conscience. J'aurai toujours un léger goût de paradis perdu. Mais toutes les souffrances qu'il fallait que je m'inflige pour avoir ma place dans ce jardin d'Eden me reviennent en mémoire très vite : devoir vivre avec la faim au ventre, avec l'obsession permanente de la composition de mes repas... Mon paradis ressemblait souvent beaucoup plus à un enfer. C'est, de plus, très réducteur dans la vie de ne penser qu'à ça. Il y a des choses beaucoup plus capitales, il suffit de penser au nombre de personnes qui meurent de faim. S'infliger la faim pour des raisons aussi futiles est déraisonnable, démentiel. Je ne suis pas faite pour être ultra mince. Si jamais je rentre un jour à nouveau dans un pantalon taille 36, cela voudra dire que ma vie sera devenue invivable. »
                          

Cellulite : peau d'orange, peau de chagrin

Cellulite : peau d'orange, peau de chagrin

La cellulite, cet excès de stockage de graisses sous-cutanées au niveau des hanches, des cuisses, des fesses et des genoux affecte 75 % des femmes, y compris les minces. S'il est illusoire de s'en débarrasser totalement, il est toutefois possible de l'atténuer et d'éviter qu'elle ne prolifère. Comment ? En agissant à la fois sur son alimentation, sur sa peau et sur son système veineux. Les explications Philippe Blanche maison, médecin vasculaire, spécialiste des questions de cellulite.
La cellulite, contrairement à ce que son suffixe en « ite » laisse supposer, n’est pas une inflammation de la cellule, et encore moins une maladie grave. Pourtant, chaque jour, Philippe Blanchemaison, médecin vasculaire, spécialiste des questions de cellulite, constate qu'elle génère beaucoup de souffrance. Surtout quand les beaux jours arrivent, et avec eux la perspective de se dénuder davantage. Il l’assure : « Autant se débarrasser totalement et pour toujours de sa cellulite est illusoire, autant la réduire et éviter qu’elle ne prolifère est possible. C’est affaire de connaissance, de résolutions, et souvent d’organisation. »
Par exemple, il n’y a pas une, mais des cellulites. Une « adipeuse », avec augmentation du volume des cellules graisseuses ; une « aqueuse », liée à la rétention d’eau ; et une « fibreuse », plus ancienne, plus douloureuse, liée à un durcissement du collagène entre les cellules. En agissant à la fois sur son alimentation, sur sa peau et sur son système veineux, il est possible d’améliorer l’aspect de sa peau pour mieux apprécier sa silhouette.

Manger mieux

Nulle question de régime, seulement de privilégier les aliments les plus naturels possible, à haute densité nutritionnelle (riches en minéraux et en vitamines). Privilégiez les œufs bio ou élevés en plein air, qui contiennent naturellement des oméga-3, tout comme les huiles de colza, d’olive, les poissons gras. Les fruits et légumes frais aident à réduire cet effet « peau d’orange », en particulier ceux qui favorisent la digestion, comme la papaye et l’ananas, ou encore les stimulants hépatiques tels que le fenouil, l’artichaut, le céleri, le curcuma, le gingembre… Enfin, les aromates et les condiments comme le basilic, l’estragon, la sauge, le thym, le pourpier facilitent la digestion et la « métabolisation », et surtout l’élimination de l’eau et des graisses.

Bougez

Si les exercices de cardio sont bons pour le cœur et la condition physique, ils n’ont aucun effet sur la cellulite. Autant le savoir pour s’éviter des déceptions. Une étude effectuée par le Centre national d’études spatiales (Étude « Bed Rest » publiée dans la revue Angiologie, 2003) a par ailleurs démontré que les muscles posturaux, situés près des os, agissaient quatre fois plus sur la circulation veineuse que les muscles superficiels. Or on sait que la qualité de la circulation sanguine a une influence décisive sur l’évolution d’une cellulite, car c’est un facteur important de rétention d’eau.
Donc ne forcez pas inutilement sur les machines ou les exercices qui font travailler les gros muscles dans l’espoir de voir fondre les capitons. En revanche, essayez-vous aux sports de fond, comme la marche, la course d’endurance, la randonnée à vélo, dès lors qu’ils dépassent les quarante minutes – moment à partir duquel l’effort déclenche la lipolyse ou combustion des graisses –, tout indiqués pour réduire la cellulite. Pour garder un système veineux en bon état, vous pouvez pratiquer le Pilates, l’aquabiking ou la gym aquatique, qui font travailler les fameux muscles posturaux.
Enfin, il faut savoir que les talons hauts sont les ennemis d’une bonne circulation sanguine. L’idéal serait de les oublier de temps en temps et de les remplacer par les « chaussures silhouette », dont les talons, plus bas que les orteils, favorisent naturellement le retour veineux (comme les Sveltesse de Royal Thermes Institut ou les FitFlop)

Massez-vous

Le geste du palper-rouler, souvent effectué par des kinésithérapeutes, est souverain. À la maison, il suffit de pincer un large pli de peau et de le faire rouler entre ses doigts, en commençant du genou et en remontant vers la hanche.
Autres gestes de professionnels facilement « appropriables » : les mouvements dits d’appels et de résorptions, ou, plus simplement, « manœuvres de pompage ». Placez les mains à plat sur la cheville, appuyez puis relâchez d’un coup pour créer une aspiration au niveau des lymphatiques. Remontez de la cheville jusqu’en haut des cuisses par mouvements successifs de pompage. Une jambe après l’autre.
Autre gestuelle efficace : le massage cellulaire, qui a pour objectif d’étirer les fibroblastes de la peau afin de les inciter à produire davantage de collagène. Placez les mains autour des cuisses en faisant se toucher vos deux pouces, puis éloignez-les le plus possible en étirant la peau.

Regardez-vous

Un ressenti positif empêche de focaliser sur la cellulite. Face au miroir, le dos bien droit, habillée d’une façon qui vous met en valeur et dans le style qui vous correspond, portez votre attention sur une partie de votre corps que vous aimez. Observez-la en même temps que vous pensez aux aspects de votre personnalité que vous appréciez. Répétez cet exercice pendant vingt et un jours, le temps nécessaire à votre mental pour se reprogrammer et vous permettre de vous sentir mieux dans votre corps et de projeter une image de vous-même positive.
(Cet exercice de sophrologie est proposé par Michèle Freud, psychothérapeute et auteure deRéconcilier l’âme et le corps, quarante exercices faciles de sophrologie et de Mincir et se réconcilier avec soi (Albin Michel, 2007 et 2012).

L'action des crèmes

« Il ne faut pas attendre l’impossible d’une crème », explique Philippe Blanchemaison, qui a tout de même constaté les progrès de la plupart des produits « minceur » depuis une décennie. Leur action n’est pas négligeable pour lisser la « peau d’orange » en surface grâce à leurs principes actifs. Pour constater une réelle amélioration, respectez ces trois règles : faites un gommage une à deux fois par semaine afin de lisser la peau et de permettre aux actifs de mieux pénétrer ; faites deux applications de produits par jour ; enfin, pratiquez le palper-rouler ou le massage cellulaire pour appliquer votre crème.

Les régimes m'ont gâché la vie


Hyperprotéiné, hypocalorique, dissocié, hypoglucidique... Les régimes amaigrissants, Caroline les a tous tenté, et en a fait les frais. À force de yo-yo et de kilos repris, ce n'est plus seulement son corps qu'elle n'a plus supporté, mais son image toute entière. Jusqu'à sa rencontre avec le médecin qui a révolutionné sa façon de vivre son poids, et lui a appris à travailler sur son comportement alimentaire. Elle raconte.
’aussi loin que je me souvienne, je me suis trouvée trop grosse. À 14 ans, j’ai vu mon premier nutritionniste, qui m’a prévenue qu’il me faudrait «faire attention» toute ma vie. Au rayon des privations, j’avais pris perpète, avec en option des coupe-faim qui s’avéreraient mortels quelques années plus tard. Durant vingt ans, j’ai tout essayé, du fromage blanc en perfusion aux capsules de pamplemousse censées vous faire fondre, des régimes dissociés aux sachets protéinés. Mes grossesses ont été des carnages. En vingt-cinq ans, j’ai probablement pris et perdu plus de cent kilos.
J’'avais une image de moi déplorable, je me sentais laide, énorme, mauvaise mère, mauvaise épouse, mauvaise journaliste. Mon mal-être se répercutait sur mes enfants, sur mon travail. Après avoir lu un de ses livres, j’'ai consulté Jean-Philippe Zermati, médecin nutritionniste spécialiste des troubles du comportement alimentaire, dont l’'approche me semblait différente.
Avec lui, pas de séances humiliantes de pesée, pas de discours culpabilisant, pas d'’interdits. Pas de promesses non plus. Le deal était clair : trouver mon poids d’équilibre, celui-ci pouvant être celui que je pesais à l’'époque. Pour cela, il fallait retrouver ma faim, mais aussi ma satiété, et travailler sur l’'acceptation de mes émotions et de ce que j’'étais. Une démarche qui m'’a fait maigrir, et qui m'’a sauvée du marasme dans lequel je m’'enferrais depuis des années. Parce que se libérer de ce poids n'’influe pas que sur la taille des jeans. L’'onde de choc est immense, affectant la vie de famille, le rapport aux autres et à soi-même, et la vie professionnelle...

Avec mes enfants, j'ai relâché la pression

Ma crainte a toujours été que mes filles prennent le même chemin que moi et subissent les affres de mon comportement alimentaire. Paniquée à l'’idée qu’'elles soient trop grosses, je me suis transformée dès leur naissance en nutritionniste, brandissant la menace des kilos dès qu'’elles se resservaient du gâteau au chocolat. Résultat, à 7 ans, mon aînée connaissait la teneur en calories de n'’importe quel plat et commençait à se priver, en dépit d’'un corps quasi squelettique. Il était temps d'’agir avant que la seconde soit elle aussi contaminée.
Avec cette nouvelle méthode, terminé les cours de diététique. Puisque j’'apprenais à manger selon ma faim, pourquoi ne pas leur accorder à elles aussi ce droit ? Conséquence immédiate, une sérénité retrouvée à l’'heure des repas. J’'ai peu à peu réussi à ne pas finir mon assiette et accepté que mes enfants fassent de même. Sans pour autant les punir en les privant de dessert. On peut ne plus avoir faim de salé, mais avoir gardé une place pour du sucré. Plus de rationnement de sucreries, l'’idée est de me faire confiance, mais aussi de leur faire confiance. Et le fait de laisser un paquet de bonbons en libre-service n'’a pas pour conséquence qu'’il soit instantanément vidé.
Quant aux légumes, cuisinés par envie et non par obligation, ils sont eux aussi appréciés par la famille. Dégustés parce qu'’ils sont goûteux et non « parce qu'’ils ne font pas grossir ». Bien que mangeant moins, je cuisine désormais beaucoup plus. Pas comme ce fut le cas des années durant pour me nourrir par procuration, voire « avec l’'envie inavouable de faire grossir les autres plutôt que soi », comme l’'analyse la psychologue et nutritionniste Laurence Haurat (auteure avec Laura Hanaert-Hebey de Libérons l’'assiette de nos enfants ! et avec Annabelle Demouron d’'Ex-Fan des régimes aux Éditions La Martinière, 2010 et 2012). Simplement par plaisir, celui de respirer les saveurs, de toucher les aliments et de concocter de bons petits plats.

Avec mes amis, j'ai cessé d'en parler

Face à l’'entourage amical, la question est plus complexe. En la matière, les préjugés et les croyances ont la vie dure, et me voir parfois refuser un dessert au motif que je n'’ai plus faim provoque souvent des interrogations, voire quelques inquiétudes. Sans parler des frites, que je commande et déguste désormais sans scrupule, sachant que ce que je mange lorsque j’'ai faim ne me fait pas grossir.
Quand mes kilos ont commencé à s'’envoler, j’'ai été confrontée à des réactions parfois inattendues. Compliments étrangement tournés, me laissant penser qu'’« avant » je n'’étais tout de même vraiment pas terrible ; ou, au contraire, avertissements quant au risque de « perdre trop ». Sans parler de ceux m'’expliquant que cette nouvelle moi plus mince, ce n’'était en réalité « pas moi ». Ah ? Hypersusceptibilité de ma part ou maladresse mal intentionnée ? « Peut-être un peu des deux », répond Laurence Haurat, ajoutant surtout qu’'« aucune parole n'’est recevable lorsque l’'on porte un regard négatif sur soi, ce qui est souvent le cas des personnes au régime. Tout peut être sujet de vexation car, en réalité, c'’est de notre propre appréciation qu'’il s’'agit, et celle-ci n'’évolue pas toujours au même rythme que la perte des kilos  ».
Histoire de ne pas me fâcher avec tous mes proches ou de passer des soirées entières à m’'expliquer, j’'ai petit à petit décidé de cesser de me justifier et d'’en parler. Et ça marche ! Aujourd'’hui, personne ne fait plus attention à ce que je choisis ou non sur la carte. J’'ai aussi appris à ne plus répondre à la question du nombre de kilos envolés pour ne pas transformer cette démarche en « performance ». Surexposer mon amaigrissement risquerait en effet de me mettre à nouveau sous pression. Perdre du poids ne devrait jamais être perçu comme une victoire, parce qu'’en reprendre signerait alors un échec, m'’a expliqué Jean-Philippe Zermati. Autrement dit, la peur de regrossir finirait par me faire grossir.

Avec mon mari, j’ai rallumé la lumière

Mon homme ne m'’avait quasiment jamais vue nue. J’'avais, au fil des années, mis au point une technique imparable pour me déshabiller sous la couette et n'’avais même plus besoin de lui demander d’'éteindre la lampe tant il était impensable que nos ébats supportent la moindre lumière. Aujourd’'hui, sans être devenue naturiste, il n’'est pas rare que je traverse la chambre en tenue d’'Ève sans même m’'en rendre compte, et ce pour son plus grand plaisir. Si cette nouvelle version de moi lui plaît, il me rappelle toutefois souvent qu'’il n’'avait rien contre l’'ancienne.
D’abord sujet d'’agacement, une partie de moi refusant de croire que ce qui me semblait affreux ait pu lui convenir, j’'ai là aussi compris ce que me répétait inlassablement Jean-Philippe Zermati : il n'’est pas nécessaire de se plaire pour s’'aimer. En l’'occurrence, nul doute que mes robes plus ajustées plaisent à mon époux, mais il est tombé amoureux de moi plus grosse et, par conséquent, d’'autre chose que de mon tour de taille. Ce qui ne l’'empêche pas d’'apprécier de me voir oser le deux-pièces sur la plage, de ne plus m’'entendre geindre que je n’ai rien à me mettre ou que j'’ai grossi .

Au travail, j'ai enfin pris des risques

Cerise sur le gâteau, peut-être un hasard, peut-être pas, mais au terme de deux années de thérapie, j’'ai fini par sauter le pas, abandonnant un poste confortable et sûr pour une vie plus précaire de pigiste. Un rêve caressé depuis une éternité sans jamais avoir eu le courage de passer à l’'acte, tétanisée d’'angoisse à l’'idée de me planter. La création de mon blog Pensées de ronde et les milliers d’'encouragements et d'’échanges que j’'ai pu recevoir pendant toute mon « expérience Zermati » m’'ont beaucoup aidée pour retrouver confiance en moi. Avoir appris à accepter mes émotions, négatives comme positives, à me faire confiance pour gérer ce qui jusque-là m'’échappait tant  manger de manière naturelle et non compulsive  m’a donné des ailes.
Les régimes étaient sur le point, je crois, de me faire disparaître. Les avoir bannis de ma vie m'’a permis de me retrouver. Le fait est que m'’habiller est devenu un plaisir, au point même d’'adopter dans un premier temps un style complètement différent, plus près du corps, à la limite de l’'aguicheur. Un jeu qui n’'a toutefois pas duré. Mes nouveaux contours apprivoisés, j'’ai fini par me lasser de cette autosatisfaction, comprenant aussi que je restais la même et qu’'avoir minci ne m'’avait pas soudain transformée en cover-girl.
Je mentirais en prétendant ne pas avoir peur parfois que le charme disparaisse. Il m'’arrive d’'être tentée de refaire attention si je constate que j’'ai repris un peu de poids. Je ne me suis pas non plus débarrassée de la balance, même si je ne monte dessus qu’'une fois par mois. Je n'’ai enfin pas arrêté de fumer, de peur, notamment, de voir mes vieux démons alimentaires resurgir. Mais je crois que j’'ai, malgré tout, fait un sacré bout de chemin...
                                       

Mon ado a grossi


La prise de poids est fréquente chez l’adolescent, qui s’étoffe et grandit par à-coups, explique le psychiatre Gérard Apfeldorfer. Pour éviter qu’il en souffre, il importe de dédramatiser la situation et de retrouver, avec lui, un rapport décomplexé à la nourriture.
Votre ado ne rentre plus dans son jean et accuse manifestement quelques kilos superflus. Faut-il s’en alarmer ? Non, si ses rondeurs restent raisonnables et s’il n’en souffre pas trop. « L’adolescent alterne de manière chaotique prises de poids et croissance, rappelle le psychiatre Gérard Apfeldorfer. Mais il subit des pressions de toutes parts : des pouvoirs publics, très culpabilisants avec leur lutte contre l’obésité, des médias, qui imposent des canons de beauté ultraminces, et de ses pairs, qui raillent les “gros”. Alors inutile d’en rajouter ! Certains parents vivent le surpoids de leur enfant comme une blessure narcissique et s’empressent de le mettre au régime. Cette tyrannie de l’apparence et du manger “droit” engendre parfois des troubles du comportement alimentaire : anorexie ou boulimie. »

Pour éviter cette dérive, il convient au contraire de dédramatiser le regard des parents et de retrouver tous ensemble un rapport décomplexé à la nourriture. « L’alimentation répond à des besoins physiologiques et émotionnels, analyse Gérard Apfeldorfer. L’adolescent qui grandit a des besoins énergétiques énormes et dévore des aliments souvent gras, sucrés. Laissons-le donc manger en paix ! Il lui arrive aussi de bâfrer pour se protéger d’émotions pénibles, fréquentes à cet âge : anxiété, chagrin d’amour… Au lieu de lui imposer un régime qui aboutira à un échec – la compulsion succède toujours à la frustration –, mieux vaut s’interroger sur l’origine de sa gloutonnerie, en parler avec lui et restaurer son estime de soi. En matière de surpoids, l’aspect nutritionnel est souvent secondaire. »
Il importe enfin de réhabiliter chez soi le plaisir de manger : apprendre à son ado à écouter ses besoins (manger quand il a faim, s’arrêter quand il est repu), attirer son attention sur le goût des aliments, et faire du repas un moment agréable, sans proscrire les frites au profit des légumes verts. Ses parents, pour finir, l’inciteront à faire de l’exercice, et à prendre ses distances avec les photos des magazines, souvent retouchées.
                                  

Crèmes minceur : la formule du fantasme


Chaque printemps, résultats « scientifiquement prouvés » et actifs magiques nous promettent le corps dont nous rêvons. Pourquoi y croyons-nous encore ? Décryptage..
Chaque année au printemps, la nature reprend ses droits, les bourgeons éclosent et, dans les rayons des parfumeries, pharmacies et grandes surfaces, les crèmes amincissantes fleurissent avec une vigueur sans pareille. Cette saison, symbole de renaissance, nous motive pour une nouvelle tentative : cette fois, enfin, notre crème minceur opérera le grand miracle de la disparition de la cellulite, de la peau d’orange, des centimètres superflus qui emprisonnent notre moi authentique. Un jour, la graisse fondra (par magie)… le prince charmant viendra.
Car ne nous y trompons pas, derrière le désir du corps mince et séduisant, se tient presque toujours une demande d’amour. Notre relation à ces baumes qui affinent la silhouette rappelle un peu notre rapport à la voyance : nous constatons que le résultat est rarement à la hauteur de nos phénoménaux et irréalistes espoirs sans pouvoir nous empêcher d’y revenir. Une partie de nous – notre moi rationnel – sait que nos attentes d’un corps de rêve sont vaines. Mais l’enfant en nous, celui qui ne s’est jamais remis de l’inexistence du Père Noël, refuse d’y renoncer.

Un discours scientifique qui rassure

Un ventre plat, une taille de guêpe, des fesses et des cuisses fermes, sans trop d’efforts ni la moindre souffrance, nous promettent nos crèmes minceur. Et qui nous la fait, cette promesse ? Des experts ! L’attrait sans cesse renouvelé pour les soins amincissants tient pour beaucoup au ton « scientifique » utilisé pour vanter leur efficacité.
Arrivées à l’âge adulte, nous devrions avoir compris que les experts ne sont ni neutres ni infaillibles. Mais dans cette société matérialiste, imbibée de philosophie positiviste, la croyance selon laquelle « science égale vérité » semble indétrônable. Aussi, quand, dans une publicité, un médecin ou un spécialiste des plantes nous explique pourquoi il est si difficile d’éliminer la graisse abdominale, nous sommes d’emblée conquises.
Nous le sommes encore davantage quand il confirme qu’une application de gel ou de crème remplace une séance de gym, et que les abdominaux les plus employés en salle ne sont pas adaptés à l’élimination de cette masse grasse. Un professionnel qui comprend si bien notre désir de mincir sans peine ne saurait avoir complètement tort. Même si notre moi conscient nous dit « Fais attention », une petite voix intérieure nous guide vers le rayon « minceur ».

L’homme est un être de langage, et s’il est sensible au poids des mots, il l’est tout autant aux images mentales qu’ils suscitent. Surtout quand il s’agit de « déstocker » les graisses, de « drainer » un corps perçu comme gonflé d’eau sale, de vaincre les « zones rebelles » grâce à une « action ciblée ».
Nous nous voyons d’emblée au cœur d’une guerre de purification qui doit se pratiquer avec les armes les plus récentes, car si nos aïeules les avaient possédées, nous n’en serions pas là, à gémir sur nos rondeurs superflues. D’où, dans la composition des soins, l’abondance de « complexes » amincissants high-tech et brevetés, associant divers ingrédients issus des toutes dernières découvertes. Les plus romantiques seront sensibles à l’exotisme des actifs venus d’ailleurs – thé vert, soja, maté, algues marines – combinés avec les « complexes ». Ces noms vont étancher une soif d’horizons lointains, ils satisfont le fantasme d’un lien renoué avec la bonne mère Nature.
Et, attention, les crèmes sont « amincissantes », « drainantes », jamais amaigrissantes : nous sommes dans l’univers du beau, pas dans la pathologie. Nous ne soignons pas une obésité dangereuse pour la santé. Nous enjolivons notre silhouette, l’affinons, la redessinons. Nous sculptons notre corps, telle une œuvre d’art. Au bout du chemin, c’est l’horizon du plaisir et du désir qui pointe…
Dans tous les cas, pour être crédible, la notice doit être précise : nous voulons savoir combien de centimètres nous allons perdre, où précisément et en combien de jours. Au siècle de l’évaluation et de l’efficacité, le flou fleure l’amateurisme, et nous n’avons pas de temps à perdre.

La promesse de devenir une autre femme

Blonde ou brune, elle est fine et féminine. Pas une once de graisse, nulle trace de rondeurs sur ce corps lisse, fonctionnel… Célèbre ou non, la femme de la publicité, symbole de la crème que nous allons acquérir, doit faire écho à l’image idéale, magnifiée, que nous avons de nous-même. Aussi, en achetant le produit, nous nous offrons en quelque sorte la peau d’une autre : l’autre femme capable de faire tomber tous les hommes – qui n’existe que dans notre esprit…
Une créature dessinée à partir des canons de notre époque et de notre continent bien sûr. Car il en est d’autres où la belle femme est celle dont les hanches, le ventre et les cuisses évoquent la fertilité, l’opulence. Fantasmatiquement, nous allons devenir celle que nous sommes vraiment, mais qui, pour l’instant, est cachée par sa cellulite.
C’est en tout cas une aventure qui rappelle que nous sommes légion à ne pas aimer notre apparence. Et presque toujours pour des raisons qui n’ont rien d’objectif : nous ne nous voyons jamais telles que nous sommes.

Des matières qui allègent le devoir d’être mince

Pot ou tube, bleu comme la mer, blanc comme le lait, vert comme une prairie sous le soleil, l’amincissant reste à portée de vue. Pas question de le ranger au fond de l’armoire. Ce serait courir le risque de l’oublier et de faillir à notre devoir de minceur. En fait, c’est lui qui nous a à l’oeil, dans cette société où être lisse, sans aspérités, dynamique est devenu un mode de vie.
Ce petit contenant ne prend pas beaucoup de place dans la salle de bains, mais il semble nous juger : « Tu dois réussir à maigrir. Si tu n’y arrives pas, c’est que tu manques de volonté, que tu te négliges, que tu es paresseuse, ou trop nulle pour utiliser ce produit correctement. » Or l’oubli systématique du petit rituel minceur ou le recul à la seule idée d’affronter nos bourrelets ne sont pas forcément la preuve d’une tendance coupable au laxisme, mais peuvent cacher un rejet de notre corps sexué – pas de féminité sans cellulite –, donc un refus de le toucher.
Mousse qui caresse la peau, gel qui pénètre sans coller aux doigts, crème fluide; sans une texture agréable, l’amincissant est immédiatement relégué au placard. Il doit satisfaire le plaisir des sens – le toucher, l’odorat, la vue. La crème amincissante nous incite à nous masser, à reprendre contact avec notre corps.
Nous ne perdrons pas trois tailles avant le maillot, ni vingt centimètres de tour de hanches. Mais nous améliorerons notre circulation sanguine, et notre peau n’en sera que plus belle et plus ferme. Dans la foulée, nous allons faire davantage attention à ce que nous mangeons ou buvons. Nous aurons le réflexe de bouger un peu plus. En effet, utiliser quotidiennement un produit minceur, oblige à penser à soi et, par conséquent, réveille le « bon narcissisme », cette force psychique qui incite à se materner, à se faire du bien. Et cet élan vital est plus précieux que la métamorphose d’une taille 42 en un petit 38.
                                         

La détox, nouvel alibi des régimes ?


La chasse aux toxines a la cote, et semble résonner comme la dernière promesse… minceur. Or la vraie détox n’a rien à voir avec une cure amaigrissante. Explications.
Les titres se suivent et se ressemblent tous : « Détox cool, perdez vos kilos des fêtes », « Détox, retrouvez la vitalité au quotidien », « Une taille en moins avec la détox », « La chasse aux toxines pour s’alléger et retrouver la vitalité »… Depuis que l’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) a jugé les régimes dangereux et inefficaces fin 2011, plus une semaine ne passe sans qu’une célébrité, un magazine, un livre ne partage ses « recettes détox », à grand renfort de marketing parfois farfelu. « L’accumulation des toxines empêche le bon fonctionnement enzymatique, pilier de notre digestion et de notre capacité à brûler les calories », souligne Sylvie Schäfer, docteure en pharmacie et auteure de Mon quotidien détox (Mango, 2012). C’est la raison pour laquelle, en éliminant les toxines, une cure de détoxication peut aussi entraîner une perte de poids. Ce bénéfice secondaire explique en partie l’amalgame qui existe avec la notion de régime.

Un état d’esprit

Pourtant, les spécialistes sont unanimes : la détox est avant tout un état d’esprit, dont l’objectif est de nettoyer le corps, pas de perdre du poids. « Cela répond à une envie de faire davantage attention à soi, de s’écouter, et de retrouver sa santé et une belle vitalité », analyse Thomas Uhl, naturopathe, dont le centre La Pensée sauvage, au coeur de la Drôme, accueille davantage de citadins stressés au bord du burn-out que d’aficionados de la perte de poids. Une fatigue intense, des troubles de la digestion, des petites maladies à répétition, des migraines, une irritabilité, un teint et des cheveux ternes sont parmi les principaux signes d’un « encrassement » de nos cellules qui déclenchent l’envie de faire une cure.
« L’idée est d’aider le corps à se débarrasser des pollutions internes (toxines) et externes (toxiques), pour qu’il retrouve toutes ses potentialités », rappelle Sylvie Schäfer. Même si notre organisme est parfaitement équipé pour s’autoréguler, il est confronté aujourd’hui à des toxiques auxquels notre patrimoine génétique ne l’a pas préparé, et dont la plupart sont issus de notre environnement : pesticides, métaux lourds ( plombages, vaccins), benzènes, bisphénols notamment. À cela s’ajoutent d’autres facteurs tels que le stress, la sédentarité, une alimentation déséquilibrée… qui altèrent la structure des cellules et empêchent l’organisme de se défendre contre le vieillissement et les maladies. La détox est d’abord une démarche globale, un état d’esprit. Des principes assez éloignés des régimes, qui entretiennent quant à eux une certaine anxiété, un sentiment de culpabilité envers soi-même et, souvent, une forte frustration.

En outre, là où les régimes amincissants s’articulent autour de règles diététiques précises, auxquelles s’ajoute la pratique d’exercices physiques, la détox va beaucoup plus loin. Elle induit nécessairement des changements profonds de nos habitudes. Car si l’alimentation déséquilibrée et la sédentarité sont deux causes importantes de l’« encrassement » de l’organisme, elles ne sont pas les seules

Une véritable hygiène de vie

Le stress est en effet considéré par les naturopathes comme un immense pourvoyeur de toxines. C’est pourquoi la cure prend en compte la dimension psychique de l’individu et intègre dans ses grands principes le repos psychologique – se reposer, se relaxer, méditer, prendre du temps pour soi –, au même titre que le respect de principes diététiques. Et surtout la bonne hygiène des émonctoires, ces organes en charge de l’élimination naturelle – l’intestin, le foie, les reins, les poumons et la peau –, particularité propre à la vraie détox. Afin d’améliorer leur capacité à éliminer toxines et toxiques accumulés, et à restaurer en même temps la fonction des enzymes, qui accélèrent les réactions chimiques de l’organisme, il faut alléger la charge de travail de l’un (foie) en favorisant le processus d’élimination des autres (reins, intestins, poumons, peau).
Raison pour laquelle la détox s’appuie sur l’utilisation de tisanes et de plantes – notamment en cure drainante aux changements de saison – pour nettoyer les reins, de remèdes homéopathiques pour soulager le foie, de massages, gommages, saunas pour « détoxiner » la peau… La plupart des naturopathes conseillent aussi, à ceux qui veulent entamer une démarche de détoxification complète, de s’éloigner au maximum des sources polluantes comme les ondes électromagnétiques (téléphone portable, Wi-Fi), d’éviter les écrans de télévision et d’ordinateur, d’adopter des récipients et des méthodes de cuisson qui n’altèrent pas les aliments… Nous sommes bien loin de la cure express à visée amincissante !

Des principes de bon sens

Vous ne vous sentez pas le courage de manger du raisin et rien que du raisin pendant une semaine, voire de ne pas manger du tout ? Aucune importance ! Contrairement aux idées reçues, la détox ne passe pas forcément par une monodiète ou un jeûne. « Même si ce dernier permet un véritable recyclage des toxines, explique Thomas Uhl, qui précise que l’une comme l’autre ne conviennent pas à tous. Et certainement pas sans un encadrement professionnel averti. Ils ne doivent pas excéder cinq jours, et il est préférable de les accompagner de yoga et de détente. Au-delà du nettoyage physiologique, il s’agit d’une véritable aventure personnelle et humaine. » S’il est recommandé d’effectuer des cures sur vingt et un jours, ce qui correspond au cycle cellulaire, ce n’est pas une obligation non plus. D’autant que nos vies modernes ne facilitent pas ce genre de pratique.
Au quotidien, les principes de la détox sont faciles à intégrer, pour qui choisit de faire une monodiète d’un soir – dîner d’un bol de riz, d’un fruit ou de légumes de saison, au calme, portable et télévision éteints. À répéter éventuellement, plutôt qu’opter pour une cure de plusieurs jours sans aucun changement dans son mode de vie. De même, il suffit de limiter certains aliments, tels les produits transformés, céréales, sucres et huiles raffinés, plutôt que jeûner, ou encore de contrebalancer les effets de la cuisson en buvant chaque jour un jus de fruits et légumes frais. « La détox se pratique avec bon sens et sans excès, et doit s’adapter non seulement à notre tempérament, notre constitution, nos pathologies, notre état émotionnel, mais aussi à nos modes de vie », expose Thomas Uhl, dans un livre à paraître (La Détox, pourquoi et comment, éditions Vilo).
Contrairement aux régimes, qui nous demandent de nous adapter à des règles évoluant avec le temps, la détox, elle, se plie davantage à soi, son tempérament, sa constitution, son profil héréditaire, sa santé… Une philosophie de vie ? Sans doute. En tout cas, certainement pas un régime déguisé.

Méfiez-vous des imitations

C’est détox : les combinaisons d’aliments qui permettent une meilleure assimilation, comme manger le cru avant le cuit, manger les fruits en dehors des repas, associer légumineuses et amidons…
Ce n’est pas détox : la dissociation alimentaire. Manger un seul type d’aliments fait perdre au corps sa capacité d’adaptation, qui ne fixe plus les nutriments.
C’est détox : le thé vert, la poudre de matcha, les tisanes de bardane, d’aubier de tilleul, de romarin…, les bouillons de légumes comme le fenouil, le radis noir, les jus d’herbes, le jus de bouleau, d’argousier, les épices comme le curcuma.
Ce n’est pas détox : les patchs détox, les boissons qui contiennent des substances autres que des plantes dépuratives (sucre, édulcorants, colorants), la machine pour bains de pieds « Detox Foot Spa ».
                                                

Ma fille, ses kilos et moi


Face aux rondeurs de leurs filles, des mères s’inquiètent, au point de se transformer en nutritionnistes. Un interventionnisme qui met en jeu leur propre image et qui risque de provoquer des troubles du comportement alimentaire à l’adolescence.
L’aveu est difficile pour Leïla, 34 ans, maman d’une petite Emma de 2 ans : « Il ne se passe pas un jour sans que je pense à son poids, je vis dans l’angoisse qu’elle devienne grosse. » Très ronde à l’adolescence, elle pense avoir transmis cette prédisposition à son enfant. Elle a banni de la maison tout ce qui ressemble à un gâteau, et s’impose de cuisiner légumes et poisson chaque jour. Pourtant, reconnaît-elle, le poids de sa fille est plutôt en dessous de celui d’une enfant de son âge.
Sophie, 35 ans, maman d’Alice, 3 ans, n’est pas près d’oublier son dernier rendez-vous chez la pédiatre. « Au détour d’une phrase, elle a glissé qu’Alice était en léger surpoids, se souvient la jeune femme. Cela m’a fait l’effet d’un coup de poing. Je n’avais que ces deux mots en tête. Depuis, je me fais violence pour ne pas mettre Alice au régime et je me demande où j’ai échoué. »
Effet collatéral des messages de prévention contre l’obésité infantile ou transfert de la quête maternelle, toujours frénétique, d’un idéal de minceur ? Les récits de Leïla et de Sophie n’ont rien d’exceptionnel, bien au contraire. Ils attestent que le poids des filles est venu s’ajouter à la longue liste des inquiétudes parentales.

Des filles miroirs

« Enfant, et jusqu’au début de l’adolescence, la petite fille est assez proche des modèles de la société, qui idéalise les corps enfantins, minces, presque asexués. Une image très valorisante pour la mère, explique Myriam Beaugendre, psychologue clinicienne à l’hôpital Mère-Enfant de l’Est parisien. Et puis les hormones s’en mêlent, le corps de l’adolescente devient parfois plus disgracieux, plus lourd. Il est alors moins positif pour la mère de se vivre en miroir par rapport à sa fille. Si elle n’a pas un regard bienveillant sur son propre corps, une angoisse peut émerger. »
« J’essaie de me convaincre que Manon n’est pas moi », raconte Véronique, qui, à 46 ans et au terme d’une longue thérapie, a perdu les kilos de sa jeunesse. Apparemment réconciliée avec elle-même, elle éprouve cependant la sensation désagréable d’être rattrapée par son histoire lorsqu’elle regarde sa fille, 9 ans, qui affiche « cinq kilos en trop » et dont le corps a déjà des courbes adolescentes.

Les mères en surpoids sont-elles plus touchées ? « Pas forcément », répond Myriam Beaugendre. Celles qui redoutent l’embonpoint de leur fille sont avant tout en conflit avec leur image. Insatisfaites de leur apparence, elles poursuivent un idéal esthétique difficile à atteindre… qu’elles transfèrent sur leur fille, dont la mission est de reprendre le flambeau en faisant perdurer leur beauté. « La question, en somme, c’est l’identification, et à quel point la mère considère sa fille comme la continuité d’elle-même, résume la psychologue. C’est finalement l’estime de soi des mères qui est en jeu. » Et les femmes qui n’ont jamais dépassé les difficultés de leur adolescence ne sont pas en reste.

Des restrictions souvent injustifiées

Épargner à leur enfant les souffrances liées au surpoids : les femmes intransigeantes avec leur fille brandissent cet alibi… en partie sincère. « Manon n’est pas une projection de moi, affirme Véronique, et ce n’est pas parce que j’ai mal vécu d’être ronde, enfant, qu’elle sera elle aussi malheureuse. Je le sais d’autant plus qu’elle est, au contraire de moi, très à l’aise avec son corps. Mais quand elle s’avachit et que je vois son ventre rebondi, c’est plus fort que moi, ça m’énerve et je lui en veux. » Emmanuelle, 38 ans, a fait les frais de règles alimentaires draconiennes pendant son enfance : « Je n’étais jamais assez mince pour ma mère. » Elle se refuse donc à frustrer Sidonie, 4 ans, « obèse », selon sa pédiatre. Elle avoue cependant recourir à quelques stratagèmes : elle coupe les carrés de chocolat en deux pour lui faire croire qu’elle lui en a donné autant qu’à son frère, qui a droit, lui, à deux vrais morceaux. Alexandra, 38 ans, se surprend, elle, à servir à sa fille, 13 ans et toute menue, des portions plus petites que celles données à son jumeau, plus rond. « Elle a le droit de manger de tout, assure la jeune femme. Simplement, je surveille les quantités. » Puis de concéder : « Je veille à ce qu’elle ait des légumes à chaque repas, alors que je mets moins la pression sur son frère. »

Véronique, Alexandra et dans une moindre mesure Emmanuelle sont, consciemment ou non, dans une logique de restriction. Ce que déconseille Dominique Cassuto, nutritionniste à l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière (Paris) et auteure avec Sophie Guillou de Ma fille se trouve trop ronde, comment l’aider ? (Albin Michel, 2005).. Cette dernière confie recevoir de plus en plus de mères paniquées parce que leur fille n’est pas dans le bas de la courbe de poids du carnet de santé : « Parfois, l’inquiétude est justifiée par un vrai début d’obésité. Mais, souvent, ces enfants sont simplement au milieu, voire en haut de la courbe. » Un peu agacée par l’alarmisme dont font preuve certains pédiatres, elle poursuit : « Il y a une vue de l’esprit selon laquelle la valeur basse de la courbe est devenue la norme. Or, c’est faux ! C’est uniquement si un enfant ne reste pas dans son “couloir” que l’on peut y voir un signe d’alerte. Ce qu’il faut surveiller, c’est l’évolution dans le temps du poids et de la taille. »

Un corps de femme à aimer

Imposer à son enfant un régime dès le plus jeune âge, c’est le début d’un cercle vicieux : « En contrôlant son poids, on perturbe les signaux de rassasiement, ce qui peut, à terme, engendrer des troubles du comportement alimentaire », insiste Dominique Cassuto, qui va plus loin encore : « Plus la mère restreint sa fille, plus celle-ci est susceptible de souffrir dans son estime de soi. » Le sentiment de dévalorisation physique et intellectuelle et la perte de confiance éclatent à l’adolescence, période de transformations corporelles très perturbantes rimant souvent avec nouvelles rondeurs. La nutritionniste reçoit ainsi de nombreuses jeunes filles, âgées de 15 à 20 ans, atteintes de boulimie : « Beaucoup témoignent de restrictions alimentaires dès la petite enfance. » De quoi réfléchir à deux fois avant de priver son enfant de dessert (Lire l’enquête « Learning to overeat » in American Journal of Clinical Nutrition, août 2003). « Plutôt que de se transformer en nutritionniste, une mère devrait montrer l’exemple », préconise Dominique Cassuto. Difficile de prêcher la bonne parole si on fuit les repas, que l’on se plaint de sa ligne et que l’on ne mange que du fromage blanc… Entre parents et enfants, le processus d’identification est automatique : « Une enfant intègre qu’il faut être mince vers l’âge de 5 ans, d’où l’importance de la rassurer très tôt sur ce qu’elle est, sans insister sur son physique. »
Et les pères, dans tout cela ? « Ils ont du mal avec l’embonpoint de leurs filles, estime Sylvie Benkemoun, psychologue, vice-présidente de l’association Allegro Fortissimo et membre duGroupe de réflexion sur l’obésité et le surpoids (Gros). C’est d’autant plus blessant pour elles, qui ont tant besoin de se sentir belles dans le regard de leur père. » Et, comme en témoigne Emmanuelle, le poids des filles permet parfois de régler des comptes : « Mon ancien compagnon m’a lancé un jour : “Avec moi, notre fille maigrit, avec toi, elle compense.” »
Quoi qu’il en soit, la réponse à l’embonpoint, réel ou fantasmé, de nos filles ne se trouve pas dans un quelconque régime miraculeux. Encore moins dans la mise en place de règles alimentaires drastiques. « Et si, suggère Myriam Beaugendre, on apprenait à aimer vraiment notre féminité, c’est-à-dire nos corps de femmes matures, et cherchions à accompagner nos filles avant tout dans leur propre façon de devenir femme ? »

Trouver les mots et l’attitude justes

Souvent confrontée à des adolescentes en surpoids ou à leurs parents, Sylvie Benkemoun, psychologue, est fermement opposée aux régimes : « Fais le minimum possible pour les perdre », dit-elle à sa propre fille quand celle-ci se plaint d’avoir pris un ou deux kilos. Voici ses conseils aux parents.
Éviter à tout prix les remarques blessantes, même dites sur le ton de la plaisanterie : « Dis donc, c’est quoi, ce petit ventre, là ? » 
Lui apprendre à écouter ses sensations alimentaires. 
Ne jamais la forcer à finir son assiette : son corps n’est pas une poubelle. 
Faire du repas un moment de partage et de plaisir. 
S’adapter à ses goûts : un hamburger mangé avec plaisir et qui la rassasiera vaut mieux qu’une assiette de légumes mangée comme une corvée. 
La valoriser et lui assurer qu’on l’aimera toujours, quel que soit son gabarit. 
Écouter sa souffrance, essayer de comprendre d’où vient sa prise de poids (séparation des parents, changement d’école, chagrin d’amour…). 
L’aider à trouver un interlocuteur lorsque l’on sent que l’on n’est pas la bonne personne : un membre de la famille, une amie, un psychologue, un médecin, sensibilisés aux questions de poids.

Témoignages

Sophie-Anne, 51 ans, directrice artistique : « La voir comme cela me renvoie à mes propres échecs »
« Léa n’a jamais été du genre “fil de fer”, et je l’ai toujours trouvée belle. J’entrais dans des colères noires quand son père, dont j’étais séparée, lui disait, petite, qu’elle était trop grosse. Je n’avais qu’une angoisse, que cela la rende anorexique. Récemment, elle a pris dix kilos, ce qui m’agace parce que je ne veux pas qu’elle se retrouve dans dix ans avec quinze kilos de plus et qu’elle en souffre. Mais ce qui me fait mal, surtout, c’est que cette prise de poids soudaine est le symptôme d’un mal-être. Si demain elle se remet à travailler, qu’elle est sereine et qu’elle garde ces kilos, je crois qu’ils ne me dérangeront plus… Même si je garde dans un coin de ma tête une pensée peu avouable. La voir comme cela me renvoie à mes propres échecs : je n’ai pas su l’aider à être une jolie jeune femme qui sache prendre soin d’elle, ni l’aider davantage à trouver sa voie professionnelle. »
Léa, 22 ans, coiffeuse : « Ma mère vit plus mal que moi ma prise de poids »
« En un an, j’ai pris dix kilos. Je sais pourquoi : je suis partie en Amérique du Sud, et la nourriture là-bas n’est pas vraiment diététique ! Surtout, je traverse une période un peu difficile, je ne travaille pas en ce moment et j’ai tendance à grignoter pour calmer mes angoisses. Je suis convaincue que, dès que j’irai mieux, ces kilos partiront tout seuls. Je me suis toujours trouvée jolie, c’est encore le cas, mais je ne peux pas dire que je suis bien dans ma peau, actuellement. Je préférerais être plus mince, mais je crois que ma mère vit beaucoup plus mal que moi ma prise de poids. Ça l’inquiète et, moi, je m’inquiète qu’elle s’inquiète ! Cela dit, je n’aurais pas aimé non plus qu’elle s’en fiche. Son avis compte énormément et je sais qu’elle voudrait que je fasse plus attention à moi. Je ne me fais pas de souci, les choses vont s’arranger. Rassure-toi, maman, ça va aller. »
                                            

Régime Dukan : le piège


Steak-poulet-fruits de mer, matin, midi et soir… La « dukanmania » fait rage chez les candidats à la minceur. D’où vient cet engouement soudain pour cette diète protéinée des années 1970 ? Retour sur les mécanismes qui nous font perdre la tête dès lors qu’il s’agit d’affiner notre silhouette.
Un vent singulier souffle sur la planète régime. Pas un dîner en ville ou un déjeuner à la cantine sans croiser un disciple en « phase d’attaque » Dukan : son assiette déborde de viande, de poisson, de fruits de mer. Plus d’une centaine de sites, de blogs, de forums de discussion évoquent la nouvelle idole… devenue incontournable dans les médias dès que l’on parle de régimes. Pourtant, lorsque Pierre Dukan, nutritionniste, médecin généraliste de formation, publie Je ne sais pas maigrir (J’ai lu, “Bien-Être”) en 2000, l’ouvrage passe quasi inaperçu. Dès les années 1970, il avait mis en place le plan protal, nom originel de sa méthode axée sur l’ingestion à volonté de protéines. Agnès, 54 ans, se souvient l’avoir suivi : « C’est vrai, l’amaigrissement a été rapide, mais bon, j’étais boulotte et je le suis redevenue progressivement après la fin du régime. Ensuite, il y a eu la mode des substituts de repas hyperprotéinés liquides ou en poudre, au chocolat ou à la vanille. » Que la méthode du docteur Dukan connaisse un tel engouement aujourd’hui tient donc de l’énigme ! Mais les faits sont là : ses ouvrages, traduits en vingt-quatre langues, sont en tête des meilleures ventes. Plus de deux millions d’exemplaires se sont vendus en France. Plus de deux millions d’internautes sont inscrits à son programme de coaching payant. Il dispense aussi ses conseils dans une vidéo sur Dailymotion, dispose d’un compte Twitter et d’une application iPhone, sans oublier les produits estampillés Dukan vendus en grandes surfaces et en magasins bio.

Une méthode « miracle »

Les raisons du succès sont multiples. Tout d’abord, Pierre Dukan ne propose pas un régime mais une méthode. « Régime » renvoie à privation, sacrifice. « Méthode » permet d’échapper à cette image austère. Ce terme inscrit en nous l’idée que nous allons trouver un chemin sûr pour quitter notre « prison de graisse », comme nous le promet le docteur. Ensuite, dès la première phase de la méthode, qui en compte quatre (attaque, croisière, consolidation et stabilisation), nous perdons du poids, sans avoir faim (les protéines apportent une intéressante sensation de satiété). « Cette rapidité de résultat est en adéquation avec le besoin d’immédiateté propre à notre époque », analyse Gérard Apfeldorfer, psychiatre et psychothérapeute, spécialisé dans les troubles du comportement alimentaire.

Côté plaisir, nous sommes servis puisque les recettes de cuisine fournies par Dukan sont plutôt savoureuses. En outre, pour avoir l’impression d’être les acteurs engagés de notre amincissement, nous sommes invités à faire du sport. Non, pas de séances usantes en salle ! Il s’agit seulement de marcher, d’effectuer quelques mouvements adaptés en passant l’aspirateur ou en briquant l’appartement. Gestes suffisants pour nous faire penser : « Oui, j’ai vraiment mérité de maigrir. » Ajoutons à cela – les « dukaniens » en témoignent – un sentiment d’exaltation. « Le cerveau ne consomme plus de glucose, mais des corps cétoniques – des résidus d’acides gras – qui nous installent dans un état de jeûne provoquant ce sentiment d’euphorie », note Arnaud Cocaul, médecin nutritionniste et auteur avec Nathalie Faure de Mon carnet (à remplir) pour réussir un régime (pour de bon…) (Marabout, 2010). Tout se conjugue pour nous suggérer que nous avons trouvé la méthode miracle pour perdre nos kilos superflus. Le phénomène Dukan rappelle la vogue du régime Atkins aux États- Unis au milieu des années 1970. La recette du succès est simple, assure Gérard Apfeldorfer. Dans les deux cas, « une théorie, scientifiquement sérieuse en apparence, explique le surpoids », à laquelle une même réponse est donnée : « Le clivage des aliments en deux catégories, les bons et les mauvais. » Dans le régime Atkins, l’ennemi désigné était le sucre. Un ennemi d’autant plus crédible que le sucré renvoie à l’enfance, à la douceur, à tout ce à quoi il faut renoncer pour devenir un adulte socialement adapté.

Un besoin de contrôle

Les données scientifiques sont pourtant sans équivoque et se résument ainsi : en suivant un régime, même équilibré, seuls 5 % parviennent à perdre 5 % de leur poids et à rester stables au-delà de cinq ans (Source : The American Journal of Clinical Nutrition, novembre 2001). « Notre tissu adipeux étant relié au système nerveux central, toute perte de poids rapide l’oblige à activer une “carte mémoire” de défense de l’organisme, qui se met en mode stockage en prévision de cette “famine” », explique Arnaud Cocaul. Mais, même si les médecins affirment que dans neuf cas sur dix le « dukanien » reprendra son poids initial, chacun se dit secrètement : « Et si j’étais le dixième ? » Suivre un régime ressemble un peu à la démarche qui consiste à consulter un voyant. Régulièrement, nous constatons que « ça ne marche pas vraiment », mais nous conservons l’espoir qu’un jour nous trouverons le bon. Et, avec Dukan, nous sommes face à un personnage qui affirme, sûr de lui, que le succès de sa méthode tient uniquement à son efficacité.
Alors que nous avons tellement envie d’y croire, cet homme nous annonce qu’il a découvert enfin la vraie technique pour maigrir. Florence, 45 ans, cinquante- six kilos pour un mètre soixante, a perdu neuf kilos en deux mois. « J’ai mis mes convictions et mon alimentation saine et plutôt végétale de côté pour me plier à la monotonie du tout protéiné. » Mais le résultat est à la hauteur de ses attentes : « Je suis passée du 40 au 36, et tout le monde me dit que j’ai rajeuni de dix ans ! » « Le régime Dukan est revenu en force au moment où l’on a retiré du marché les médicaments amaigrissants – extraits thyroïdiens, coupe-faim et diurétiques –, souligne Jean-Philippe Zermati, médecin nutritionniste et comportementaliste. Et ceux contre l’obésité ont été interdits ou ont fini par faire un flop. »
Dans cette société, observe Gérard Apfeldorfer, « maîtriser son poids, c’est contrôler sa vie, symboliquement. La tyrannie de la minceur est telle que la plupart d’entre nous ne demandent qu’à être subjugués par des méthodes ou par une personne promettant un amaigrissement rapide ». Et le psychiatre de préciser qu’« être mince, maîtriser son appétit, ses envies tournent parfois tellement à l’obsession que, quand l’échec survient, beaucoup n’osent pas remettre en cause la méthode diététique ». Ils se sentent coupables, accusent leur propre manque de volonté.

Un monde sans privation

Enfin, l’adepte d’un régime éprouve l’impression de n’être privé de rien. « Cela fait partie du processus de fidélisation, comme la ritualisation de la prise alimentaire », relève Gérard Apfeldorfer. Il peut même manger davantage : « La viande, c’est à volonté, et, si vous suivez mon régime, vous aurez des difficultés à tout manger », clame Dukan. « Ce qui n’est pas dit, c’est que l’on a remplacé des gâteaux par des pâtes sans beurre et du roquefort par du fromage à 0 % de matière grasse », ironise le psychiatre.
Faut-il s’inquiéter de l’engouement pour la méthode Dukan ? Comme de nombreux régimes, il comporte principalement des risques de compulsions alimentaires aboutissant à la perte des sensations de faim et de satiété. « Et nous, nous assurons le service après-vente », dénonce Arnaud Cocaul, qui, comme d’autres nutritionnistes, récupère des patients en souffrance parce qu’ils ont repris tous leurs kilos. Mais la plupart des spécialistes restent philosophes : « Il existe des facteurs profonds de protection de la population française, et, si nous affichons le plus bas taux d’obésité en Europe, ce n’est pas grâce aux programmes “nutrition santé” ! remarque Gérard Apfeldorfer. Deux études récentes (Manger de Claude Fischler et Estelle Masson (Odile Jacob, 2008), et « Le paradoxe de la restauration rapide hamburger en France » de Jean-Pierre Corbeau, Institut Quick, 2010) pointent l’importance de la convivialité et du plaisir au moment des repas. » Et le psychiatre d’insister sur l’importance de cuisiner, de partager, de ressentir le plaisir afin de savoir quand s’arrête la sensation de faim. Enfin, d’être à l’écoute de ses émotions et de se faire aider si celles-ci envahissent notre assiette.

Les dangers de la diète protéinée

Plusieurs spécialistes tirent la sonnette d’alarme concernant les risques que ferait courir ce régime à notre organisme. Lu sur un forum : « Mon taux de cholestérol a explosé et mes reins ne fonctionnent plus correctement. Cela fait quatre mois que je suis le régime Dukan, pensez-vous qu’il y ait un rapport ? » Les internautes sont nombreux à rapporter problèmes de fatigue, crampes, troubles de l’immunité et constipation… « Je reçois des patients qui ont repris tous leurs kilos, voire plus, et d’autres qui poursuivent ce régime mais qui ont peur de ne pas tenir et sont dans des états quasi boulimiques », s’indigne Jean-Philippe Zermati, à l’instar de nombreux autres médecins nutritionnistes. Si ces dangers sont les mêmes pour tous les régimes, c’est l’ampleur du phénomène qui inquiète. « Des gens qui ont un poids normal suivent ce régime pour perdre rapidement quelques kilos, sans savoir qu’ils peuvent déplacer leur poids d’équilibre et brouiller les signaux de faim et de satiété », poursuit le docteur Zermati. Faire le régime Dukan, c’est donc risquer de dérégler un mécanisme qui fonctionnait parfaitement auparavant. Et ce n’est pas le seul déséquilibre à craindre. Didier Panizza, médecin spécialisé dans les troubles métaboliques, souligne l’épuisement hormonal lié à un régime restrictif trop rapide : « Les taux de progestérone et d’oestrogène s’effondrent, ce qui perturbe les cycles menstruels et peut entraîner l’arrêt des règles. » Les hormones thyroïdiennes sont elles aussi mises à rude épreuve : l’enchaînement de régimes restrictifs peut provoquer un syndrome de basse T3 (l’hormone thyroïdienne active) et une hypothyroïdie. Conséquences : une reprise rapide de poids et une fatigue persistante qui nécessitent un traitement médicamenteux. Et les protéines animales, qui sont le fondement du régime Dukan, posent d’autres problèmes : « Elles sont très acidifiantes et déséquilibrent le pH de l’organisme lorsqu’elles sont consommées seules. À la longue, la répétition de la phase d’attaque du régime Dukan augmente les risques d’ostéoporose et accélère l’oxydation de l’organisme », conclut Ève Villemur, nutritionniste comportementaliste.
                                         

Personne ne connaît mon poids


Après des années de régimes – inutiles – et de souff rances, Pauline, 46 ans, avait accepté ses kilos. Jusqu’à ce qu’elle rencontre un médecin pour qui le surpoids est d’abord le signe d’un dérèglement physiologique. Récit d’un allègement tout en douceur.
Personne ne connaît mon poids. Depuis qu’adolescente, j’ai surpris mes parents en train de le commenter d’un ton atterré avec leurs meilleurs amis, je le tais. Ou je mens. Même à mes amis, même à mon amour, même aux médecins, et à moi-même qui vis sans balance. Mon mètre étalon, c’est ma taille de vêtements, ce maudit numéro inscrit sur l’étiquette d’un pantalon et qui, dans mon placard, affichait un joyeux 50-52.

Mes kilos compagnons

Dire que je vis cela avec légèreté serait évidemment mensonger. Simplement, je m’en accommode, je me suis fait une raison. Ces kilos surnuméraires sont des compagnons de toujours dont je connais par coeur les avantages et les inconvénients. Je n’ai jamais eu besoin d’une thérapie pour savoir que ma carapace était une protection, un barrage qui endiguait une colère et une tristesse enfantines, susceptibles de tout arracher sur leur passage. En revanche, il a fallu que j’en fasse une pour accepter le fait que la compréhension de mon histoire ne faisait pas pour autant disparaître mon rempart de graisse. Et une autre pour cesser de lutter à coups de régimes à l’effi cacité fugace, et admettre que je m’étais également construite avec et grâce à ces kilos, qu’ils faisaient partie intégrante de ma personnalité et de l’image que j’offrais aux autres : Pauline la ronde, donc Pauline la gentille, donc Pauline que l’on aime. Bref, à plus de 40 ans, il me semblait être enfi n en paix avec ma taille 52.

Mes 2000 régimes

Quand une amie m’a parlé du travail du docteur Panizza, j’avoue que j’ai fait la moue. “Je ne crois plus aux miracles, ai-je avoué au médecin lors de notre premier entretien, je ne vis plus dans l’illusion d’un changement de silhouette. Je m’inquiète juste du temps qui passe et des répercussions de mon poids sur ma santé.” “Vous avez raison, m’a-t- il répondu, c’est la seule chose qui m’intéresse : votre santé et le bon fonctionnement de vos organes.” Je lui ai raconté mon histoire, mes deux mille régimes à la mode, ma lente réconciliation avec mon corps et mon sentiment profond d’avoir une alimentation saine et équilibrée. Je crois que c’était la première fois qu’un médecin n’affichait pas une moue sceptique et méprisante, sous-entendant que manger sainement et être gros, c’est bien connu, ça n’existe pas! Si, m’a rétorqué Didier Panizza, et rien que cette affirmation, loin des culpabilisations habituelles, m’a fait du bien.

Mes kilos s'envolent

Les examens ont confirmé son diagnostic. Une mauvaise alimentation dans l’enfance et des yo-yo à répétition ont mis mon pancréas en berne et ma thyroïde aux abois. Le premier ne sait pas quoi faire du sucre que je lui donne et le stocke sous forme de graisse, la seconde gère mes hormones au petit bonheur la chance. Depuis huit mois, j’applique les deux principes de base du “régime” Panizza : le moins de céréales blanches et de sucre raffiné possible. Concrètement, je remplace le pain, les pâtes et le riz blancs par leur version complète. Et le sucre par du fructose ou des sucres naturels comme le miel, le sirop d’agave ou d’érable. Soutenus par un traitement médical à base de plantes, mon pancréas et ma thyroïde font désormais leur boulot normalement. Et moi, j’ai perdu quatre tailles de vêtements en huit mois. Je reste ronde mais bien dans ma peau. Cela s’est fait sans difficulté, sans fatigue, sans agressivité, sans privations, sans compter les calories ni être dans l’hypercontrôle. Et – la plupart du temps! – sans la peur que les kilos perdus reviennent. Je sais aussi ce que j’ai gagné : j’ai retrouvé les sensations de faim et de satiété, je n’ai plus de coups de fatigue, je n’ai froid que quand il fait froid et je n’ai pas eu un seul rhume de l’hiver. Surtout, j’ai découvert que la nourriture n’était pas mon ennemie. Pour quelqu’un comme moi, qui alternait les privations dans la douleur et les excès dans la culpabilité, c’est une révolution. »
                                              

Se masser pour mincir


Associer bons gestes et bienveillance amplifie les effets de la crème amincissante et aide à reprendre contact avec son corps.
De nombreuses femmes achètent des soins amincissants à la belle saison. Cela vous fait sourire ? Pourtant, cette ritournelle de printemps peut devenir un joli prétexte pour choyer son corps. C’est parfois le seul soin que l’on achète dans l’année et, bien appliqué, il est non seulement plus efficace – tout massage facilite la pénétration des actifs et stimule les échanges cellu laires –, mais peut aussi se révéler riche d’implication positive. Cet acte anodin se transforme alors en retrouvailles sensuelles avec soi et permet d’instaurer une nouvelle forme de bienveillance envers sa silhouette. Quelle que soit l’attente – perdre quelques centimètres, lisser la peau, galber les courbes… –, le résultat est toujours positif, car travailler ses tissus permet à la fois de mobiliser les graisses en surface et de se réapproprier son corps, de renouer avec l’essence de sa féminité. Traiter chaque parcelle de sa peau avec égard, elle le rendra au centuple. D’autant que le bien-être est merveilleusement contagieux. Se masser permet de mieux s’accepter, de développer une indulgence envers soi-même. « Plus les rondeurs sont cajolées, moins elles s’affirment, souligne Martine de Richeville, experte en remodelage corporel et auteur dePlus jamais de cellulite (Hachette Pratique 2009). Il s’agit d’éprouver à nouveau du plaisir à s’occuper de soi. Le toucher diffuse une grande paix intérieure. Se faire un joli grain de peau et des contours plus nets y concourt. » On le sait, l’achat d’un amincissant participe d’une prise en charge plus globale, qui inclut l’alimentation, l’exercice physique… Comme un petit « tuteur » invisible, il aide à se remettre dans l’axe, contribue à se motiver. L’expression « se prendre en main » trouve ici tout son sens. Pas si futile.

Redécouvrir son corps

Avant l’application, Françoise Labrousse, esthéticienne à l’Espace Weleda, conseille de « frotter ses paumes l’une contre l’autre et de laisser affleurer la chaleur de ses mains ». Debout (pour que les tissus soient bien relâchés), dans la salle de bains, effleurer du bout des doigts les contours de son corps – la forme des jambes, le creux de la taille, les rondeurs des fesses… –, à la manière d’un sculpteur. Les yeux fermés, oublier le miroir. Les mains se placeront alors d’elles- mêmes, épousant instinctivement les pleins et les déliés. Une fois cette reconnaissance du terrain établie, prendre le produit choisi . Onctueux et odorant, il doit plaire et se prêter au massage. Les baumes, crèmes ou sérums s’appliquent directement sur une peau bien sèche. Les huiles peuvent s’utiliser sur peau humide, au sortir de la douche : l’eau « perlant » à la surface de l’épiderme les aidera à pénétrer plus vite.

Se masser dans les règles de l'art

Le soin amincissant s’applique sur toutes les zones, pas seulement les plus « sensibles ». L’élimination passe par les circulations sanguine et lymphatique. Tout ce qui stimule la circulation dite « de retour » encourage le déstockage des graisses. Commencer par la voûte plantaire – cela décongestionne tout le corps – et remonter le long des jambes. Effectuer des pressions sur le creux poplité (à l’arrière du genou), en cas de jambes lourdes. Poursuivre par les fesses et les bras, des coudes vers les épaules, en suivant le dessin des muscles. Terminer par le ventre, où convergent toutes les émotions. Répéter chaque manipulation plusieurs fois (cinq fois, si possible) et l’accompagner de respirations abdominales : gonfler le ventre en inspirant profondément, ce qui dénoue le diaphragme. Pétrissage, palper-rouler, friction…, le massage amincissant est toujours plus appuyé qu’un autre. Il doit atteindre l’hypoderme – où se trouvent les cellules graisseuses –, couche la plus profonde de notre tissu cutané, qui se situe juste avant le muscle. La pression doit donc être ferme, mais non douloureuse. Il s’agit d’oxygéner des zones compactes, mais aussi de réveiller leur micro-circulation, car, souvent froides, elles sont mal irriguées. En générant un affl ux sanguin, le massage va les réalimenter. « Un tissu qui n’est pas oxygéné se rigidifie, rien n’y circule, ni le sang ni l’énergie. Il devient dur, fibrosé, inerte, il faut littéralement le ranimer, le ramener à la vie », explique Martine de Richeville.

La beauté du geste

Les pétrissages s’effectuent surtout sur le ventre, à pleines mains, verticalement et avec tous les doigts. Commencer par de gros pincements puis, progressivement, saisir autant de peau que possible et malaxer plus en profondeur, en compressant les amas graisseux entre les doigts. Exercer un mouvement de torsion, comme lorsque l’on pétrit une boule de pâte. La chair s’attendrit. Les rougeurs témoignent de l’efficacité du massage.
Autre possibilité : réaliser des cercles de plus en plus grands autour du nombril, toujours dans le sens des aiguilles d’une montre (sens du transit). Au niveau des fesses, effectuer des frictions circulaires poings fermés, avec le plat des phalanges, de bas en haut. Plus technique, le palper-rouler est idéal sur les cuisses et les poignées d’amour. Former un bourrelet de peau entre les pouces et les autres doigts réunis. La prise doit se faire aussi profondément que le permet le tissu cutané. Soulever ce pli et le faire rouler avec les mains, en déplaçant les pouces et en se servant des autres doigts comme d’un appui. À réaliser à l’horizontale, de la face externe de la cuisse vers la face interne. Terminer par une étreinte de réunification : croiser les bras autour de la taille et des épaules. Saupoudrer la peau d’un voile de poudre pour le corps. Une très jolie façon de s’aimer soi-même…

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